GAMESAUTEURS DE JEUX ★ MURIEL TRAMIS ★

Muriel TramisMuriel Tramis
Trente ans derrière elle, le cheveu tressé, le sourcil épilé. Muriel Tramis sourit, pardonne les boutades et les demi-heures de retard, place le mot juste au bon moment. Un éclat de rire cristallin -l'antithèse de cette poilade bien grasse- vient masquer une gêne ou clore une réponse, comme si elle s'étonnait de la hardiesse de sa propre réplique.

Lier contact, imposer le tutoyement pendant qu'il est encore temps... La conversation s'égarera autour d'Emmanuelle, son dernier jeu -réussi mais au demeurant fort sage- qui après Mewilo, Blueberry, La Bosse des Maths et Freedom s'inspire de l'archétype du roman "tate z'y voir si c'est de la guimauve'. Nous voilà illico branchés sur de sacrés plans aux relents érotiques (et toc). Drôles de résonnances pour une ingénieur qui plaque un poste cher de projet à l'Aérospatiale -qui n'incite guère à la bagatelle- pour rejoindre un job à visage humain ae réalisatrice chez Cocktel. Dans un microcosme de programmeurs boutonneux et de journaleux machisants, Muriel ne traine pas sa féminitude comme un boulet, ni ne la brandit en étendard. Elle s'est fait une raison depuis le début de ses études, à la longue. "Il y a une espèce d'émulation, j'aime bien travailler avec les mecs!" lance t'elle. L'informatique, un milieu pas assez féminin parceque définitivement trop masculin? Et si, plus que d'être flippées ou complexées devant un joystick, les emmes ne se sentaient tout bonnement pas concernées par le vecteur jeu, cette vaine orgie barbare conçue par des mecs pour d'autres mecs? "Je crois qu'il faut que les femmes jouent pour avoir envie de créer. D'un autre côté, il faut aimer le cinéma pour réaliser des films...". "Je croyais que ce n'était plus valable aujourd'hui, mais on oriente les filles vers des métiers traditionalisés, et elles ont peur de toucher aux machines. Elles ne sont pas encouragées à ça". Aux armes citoyennes! Au fait, à qui se destine Emmanuelle, cet hymne au plaisir facile et à la femme-objet? Pas très MLF... La décision de réaliser un logiciel polisson condamne à évoluer sur le fil ténu séparant une niaiserie insipide d'un porno égrillard. Tirer un trait, en somme, sur le stupéfiant MacPlaymate ou le gaulois Leisure Suit Larry.

"Il y a beaucoup de choses à dire, et pas à montrer. L'érotisme c'est une façon d'être, de penser...". Malgré son attachement aux dialogues et à la mesure, les situations d'Emmanuelle oscillent parfois entre le soft rosâtre et une certaine trivialité... Qu'importe. Elle y a mis, c'est rare, une réelle part d'elle-même. Allez savoir jusqu'à quel point : sur l'écran, un personnage féminin renvoit "Les biens de ce monde n'ont aucun intérêt pour moi". J'interroge Muriel, réponse du tac au tac : "Je ne l'ai pas dit mais je l'ai pensé très fort, ou alors on n' est pas arrivé à m'émouvoir, encore, de la sorte". "C'est grave?" demandera t-elle devant ma bobine d'interloqué. Un instant unique. Ne pas chercher à en savoir plus. Si une question n'est jamais indiscrète, seulement sa réponse, il est des choses qui ne se demandent pas... "C'est un hasard, c'est tout à fait un hasard... C'est un genre comme un autre! " s'exclamera t-elle, comme pour se disculper de mes perfides accusations moralisatrices. Mais sa personnalité et ses jeux ne sauraient se résumer à ces fantaisies. Dix sept ans de Martinique, ça marque. C'est avec l'histoire des Antilles, "par attachement à mes racines". Doigt dans l'œil, le jeu tombe dans le folklo, le pittoresque, la culture didactique, ce fameux "doudouïsme" Compagnie Créole qu'elle tentait d'éviter. Echec en France, Mewilo a mieux accroché selon elle dans une Allemagne teintée de colonialisme. Dans freedom un wargame tout-public, le thème de l'esclavage devient cette fois une véritable toile de fond, un argument historique profond et mature, débarassé de ses travers touristiques. Plus qu'aucun autre développeur, Muriel Tramis investit son ame et sa personnalité et clame: "Je suis très heureuse quand les gens ont compris ce que je voulais dire". Si elle rêve d'un média plus explicite, le septième art, elle contribuera à imposer la création informatique, trop sérieuse pour être confiée à des informaticiens. La jaquette d'Emmanuelle, elle, n'arbore qu'un "M. Tramis" scolaire et asexué. Muriel s'en fout, et préfère imposer son style à tous que de dévoiler son prénom à n'importe qui...

F.C., JOYSTICK HEBDO

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L'Amstrad CPC est une machine 8 bits à base d'un Z80 à 4MHz. Le premier de la gamme fut le CPC 464 en 1984, équipé d'un lecteur de cassettes intégré il se plaçait en concurrent  du Commodore C64 beaucoup plus compliqué à utiliser et plus cher. Ce fut un réel succès et sorti cette même années le CPC 664 équipé d'un lecteur de disquettes trois pouces intégré. Sa vie fut de courte durée puisqu'en 1985 il fut remplacé par le CPC 6128 qui était plus compact, plus soigné et surtout qui avait 128Ko de RAM au lieu de 64Ko.