PEOPLESCES ORDINATEURS SONT DANGEREUX ★ CHAPITRE III: INTERLUDE ★

Ces Ordinateurs Sont Dangereux: L'aventure Amstrad - Chapitre 03 - Interlude - Voyage au centre du CPC 464

VOYAGE AU CENTRE DU CPC 464
où l'on découvre Alice dans un autre pays des merveilles

Un lapin blanc vint à passer en courant ventre à terre et au moment même où il allait croiser Alice, il s'arrêta et tira sa montre de son gousset : « Oh, là, là, Oh, là, là ! dit le lapin, je vais être en retard. »
Alice se lança à sa poursuite ; et elle courut, courut jusqu'à ce qu'elle allât tomber tout droit dans le terrier du lapin. Et elle tomba, tomba, tomba au point qu'elle commençait à se demander si elle allait traverser le monde de part en part, pour en ressortir de l'autre côté.
Après avoir dégringolé au fond du terrier du Lapin, et parcouru au pas de course une très longue distance sous terre, Alice se trouva dans une vaste salle étrange, rectangulaire, peuplée d'objets bizarres.
Alice demanda au lapin étonné :

— S'il vous plaît, Monsieur, où sommes-nous ?
— Ma petite, vous êtes dans la salle des machines d'un ordinateur CPC 464 ! Et je suis chargé de vérifier que tout le monde est à l'heure !

La grande salle dans laquelle ils se trouvaient avait environ soixante mètres de long sur quinze mètres de large ; sur la droite, un grand bloc carré d'une douzaine de mètres de côté était rempli de roues et de fils multicolores. Voyant le regard d'Alice le lapin dit :

« Ça, c'est le lecteur de cassettes ; ça tourne dans tous les sens et c'est à peu près la seule chose qui fait du bruit quand ça marche. Mais, venez, nous allons d'abord visiter le reste de la machine. »

Le reste de la machine, dont le sol était peint en vert, comprenait vingt-cinq espèces de chenilles noires oblongues avec des pattes argentées.
Le lapin se dirigea vers une des grosses chenilles qui avait quarante pattes.

« Voilà, Mademoiselle Alice, le cerveau de la machine : c'est un processeur, un Z80 fabriqué par la société Zilog. C'est la conscience du système, le penseur et le calculateur. On l'appelle aussi CPU et c'est un grand programmeur.

À côté, avec le même nombre de pattes, vous avez son éminence grise qui s'appelle en jargon informatique ULA, disons qu'il s'occupe du système nerveux de la machine, qu'il décide qui va pouvoir déguster la RAM et quand.
Ces huit petites chenilles à 16 pattes devant l'ULA, sont les puces RAM. Elles se mettent en mémoire ce que dit le Z80, et elles l'oublient si on coupe le jus. »
Le lapin se tourna vers le fond de la salle :

« Là-bas, bien campé sur ses 28 pattes, c'est la ROM : elle, elle se rappelle tout ce qu'on lui a dit quand on l'a fabriquée. Très efficace, surtout pour le BASIC.
« Derrière la ROM, une autre araignée très plate de 28 pattes s'occupe du son et d'organiser les voix, les voies et d'interpréter Mozart ; son nom est AY-3-8912 et elle s'occupe aussi des manettes de jeux. À côté de celle-ci, une puce de 40 pattes fabriquée par Mitsubishi au Japon, le 8255, s'occupe de son voisin l'AY, du lecteur de cassette et du clavier, qui par parenthèse, constitue le plafond de cette salle, chaque petit rond en cuivre correspond à une touche.
« De l'autre côté de la ROM, aussi à quarante pattes, celle-là, elle fait du cinéma, c'est-à-dire qu'elle contrôle la vidéo, toutes les zolies choses qui se passent sur l'écran noir de mes nuits blanches...
— Vous êtes poète, à vos heures, monsieur Lapin.
— Il faut bien. Pour finir avec nos chenilles et puces, il y en a une dizaine, appelées TTL pour les experts mais que nous surnommons colle ou glu : elles servent à relier les autres chenilles ensemble, pour qu'elles ne se disputent pas trop, pour que tout baigne harmonieusement dans l'huile aux silicones.
« Et puis les petits bidules cylindriques sont des condensateurs et des résistances qui empêchent les sautes d'humeur du courant électrique et contrôlent des signaux extérieurs pour la cassette ou le moniteur.
« Plus encore des petits trucs comme des transistors et surtout le cristal à quartz qui donne la fameuse mesure de 4 Mégahertz. Tout ce beau monde est soudé sur le sol vert plein de lignes de cuivre, qui s'appelle le circuit imprimé. »

Alice vit passer une souris à grande vitesse (SGV).

Lapin sourit :

« Ça veut dire que le propriétaire vient de brancher son micro. Tu vas voir, ça va très vite.
« Dès qu'on appuie sur le bouton de marche, ça commence à tourner ; après quelques instants, l'écran se colore en bleu et affiche un message en jaune. Mais avant d'en arriver là, avant même d'avoir frappé une touche ou chargé un programme, il s'est déjà passé bien des choses.
« Le Z80 a exécuté près de huit millions d'instructions pendant que le moniteur chauffe, entre le moment où vous appuyez sur le bouton et le moment où le message de signature apparaît à l'écran. Le Z80 vérifie et remet à zéro la mémoire RAM, il commande au circuit vidéo d'afficher le message à l'écran après l'avoir déniché dans la ROM, il dit aux puces responsables du son et du clavier d'être prêtes à la première frappe d'une touche et à la ROM de préparer son BASIC.
« Pour cela, les 200 000 transistors cachés dans les 25 chenilles à pattes sont sollicités, doivent s'ouvrir et se fermer à l'unisson, certains transistors se fermant et s'ouvrant 10 millions de fois par seconde.
— Et si un des transistors n'était pas synchronisé ? demanda Alice.
— Eh bien tu pourrais te chauffer des frites sur la puce en question. C'est pour cela que le plus délicat, l'ULA, a un radiateur pour absorber la chaleur.
« Et tout cela se balade en passant par les lignes de circuits que tu vois marquées sur le sol. Ça va très vite, passant sans arrêt de zéro volt à 5 volts et réciproquement.
— Maintenant, qu'est-ce qui se passe, rien ?
— Oh, non, même si on ne tape rien, l'ordinateur ou plutôt le Z80 avec sa copine ULA continue à tout vérifier. Il rafraîchit l'écran, il rafraîchit la mémoire, il vérifie une à une toutes les touches du clavier plusieurs fois par seconde pour voir si on a tapé quelque chose, même sans rien faire, il vérifie des milliers de choses chaque seconde. »

Lapin regarda son petit écran de contrôle :

« Ah, on vient de taper quelque chose, c'est court, c'est : RUN "TEST", il va y avoir de l'action. »

Lapin s'éloigna du bloc cassette, emmenant Alice avec lui. Un bruit de cliquetis emplit la pièce et les roues du lecteur de cassette se mirent à tourner.

« Il vient de demander à charger un programme de test. Quand il a écrit RUN, le Z80 est d'abord allé chercher dans la ROM à quoi ça ressemblait un R, un U et un N, puis il les a affichés à l'écran, en mettant de petits points, les pixels, au bon endroit pour que ça ait l'air des bonnes lettres. Puis lorsqu'on a tapé un espace, pouf, il demande à la ROM si le BASIC n'aurait pas un mot réservé qui s'écrit RUN.
« La ROM lui renvoie fessa que c'est effectivement le cas et que le Z80 se prépare à exécuter un programme, ou plutôt se prépare à aller chercher sur la cassette le programme qui est entre guillemets.
« Et c'est la raison de tout ce boucan : quand on a fini de taper RUN "TEST", le Z80 a commandé le déclenchement du lecteur de cassette pour lire ce qu'il y a sur la bande.
« En même temps, le Z80 commence à aller chercher des adresses dans les puces de la RAM pour prévenir qu'il va commencer à les faire travailler.
« Et au fur et à mesure que la bande de la cassette se déroule, le Z80 transforme les petits zéros et uns électroniques de la bande (ce qu'on appelle les signaux numériques) en un programme qui va se loger dans la RAM. Lorsque la bande magnétique lui renvoie le message EOF (End Of File, fin du programme), il arrête la cassette, demande à mon amie la ROM de vérifier que dans le programme "TEST", il n'y a aucune faute de syntaxe ou de grammaire, et s'il n'y a pas de faute, il lance le programme. »

Alice l'interrompit :

« Et s'il y a une faute ?

— Alors la ROM dit au Z80 qu'il faut afficher à l'écran le message correspondant à l'erreur rencontrée, comme par exemple SYNTAX ERROR qui est le plus courant ou UNEXPECTED WEND qui est plus rare et plus difficile à expliquer et que je n'expliquerai donc pas. Donc le Z80 affiche le message et attend que l'on réagisse. Ça va, jusque-là ?
— Je comprends à peu près, mais j'aimerais en savoir un peu plus sur ULA, la copine du Z80.
— OK. C'est d'ailleurs la potion magique de l'Amstrad, la raison pour laquelle un CPC peut afficher plus de couleurs qu'un Spectrum ou un IBM de la même époque, en fait la raison du succès du CPC, conjointement avec la ROM et son BASIC. Mais alors que la ROM s'occupe plutôt du logiciel, ULA s'occupe plutôt du matériel, du hard comme on dit.
« Chez ULA, il faut oublier le U et se rappeler L comme logique et des décisions préprogrammées du genre “Si le Z80 dit qu'il veut parler au processeur des entrées/sorties à l'adresse &EFFF, j'ai intérêt à réveiller vite fait le processeur qui s'occupe de l'imprimante.”
« Il faut se rappeler que la plupart des ordinateurs domestiques utilisent tous les mêmes puces à peu de choses près. Les 8255, 6845 et AY-3-8912 se retrouvent sur la plupart des machines. Puis quand on a choisi le processeur principal (Z80 pour Amstrad ou Spectrum, 6502 pour Commodore 64 ou Apple II), la différence ne peut venir que dans la manière dont on arrange ces différentes puces. Et c'est ULA qui permet à l'Amstrad de choisir huit belles couleurs dans une palette de 27 en manipulant la logique pour que le processeur vidéo 6845 s'y retrouve dans le Rouge, le Vert et le Bleu.
« En plus, ULA s'occupe de la RAM, sans que le Z80 s'en rende compte, c'est même ULA qui rafraîchit la mémoire, c'est-à-dire secoue les RAM tous les 4 millièmes de seconde pour qu'elles ne perdent pas leur mémoire ou ce qu'elles ont dedans. Et ULA a une manière spécifique d'adresser la RAM, autrement dit de modifier le contenu des 65536 petites cases que chaque puce contient.
« En conclusion, c'est grâce à ULA que le CPC a survécu à des machines comme le Spectrum et le Commodore 64 et c'est en améliorant ULA (est-ce possible ?!) qu'on est passé du 464 au 464+. Mais ceci est une autre histoire. »

Lapin continuait alors qu'on entendait encore ronronner le moteur du lecteur de cassettes. Par rapport au bruit presque imperceptible des chenilles, le lecteur de cassettes faisait un bruit d'enfer : Lapin souffla quand il s'arrêta.

— Ouf, vivement qu'il achète un lecteur de disquettes !
— C'est quoi un lecteur de disquettes ?...
— C'est un peu long à expliquer. À ta prochaine visite, peut-être ?

Alice vit passer un loir, un lièvre et le chat du Cheshire :

— Il serait temps que nous rejoignions l'histoire de Lewis Carroll. Je ne vois pas bien ces animaux dans une histoire d'ordinateurs...

★ EDITEUR: QWERTY
★ AUTEUR: François QUENTIN

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L'Amstrad CPC est une machine 8 bits à base d'un Z80 à 4MHz. Le premier de la gamme fut le CPC 464 en 1984, équipé d'un lecteur de cassettes intégré il se plaçait en concurrent  du Commodore C64 beaucoup plus compliqué à utiliser et plus cher. Ce fut un réel succès et sorti cette même années le CPC 664 équipé d'un lecteur de disquettes trois pouces intégré. Sa vie fut de courte durée puisqu'en 1985 il fut remplacé par le CPC 6128 qui était plus compact, plus soigné et surtout qui avait 128Ko de RAM au lieu de 64Ko.