PEOPLESCES ORDINATEURS SONT DANGEREUX ★ CHAPITRE II ★

Ces Ordinateurs Sont Dangereux: L'aventure Amstrad - Chapitre 02

MOUVEMENTS PRéPARATOIRES
où le lecteur se familiarise avec une petite société de la banlieue parisienne
Sèvres, 1 rue des Caves

Deux bureaux installés au rez-de-chaussée d'un immeuble plutôt vétuste d'une petite rue qui donne sur la Grande Rue de Sèvres. Ce devait être un local d'habitation avant qu'Amstrad France ne s'y installe en 1982. Cinquante mètres carrés à tout casser. Depuis 1982, Amstrad France a vendu quelques milliers de chaînes audio à partir de ce petit pied-à-terre en proche banlieue parisienne. Pour clients, des chaînes de supermarchés, quelques détaillants et la Redoute à Roubaix.

Marcellin Daniel est au téléphone. Marcellin, c'est son prénom. Originaire de l'Afrique du Nord, ce pied noir a gardé une pointe d'accent de là-bas. C'est le numéro 2 d'Amstrad. Il n'y a pas de numéro 3. Quand Marion (vous permettez que je vous appelle Marion ?) a quitté COGEL, une société de distribution de matériel HI-FI et audio en voie de faillite, elle a pris Marcellin comme second, vu qu'il travaillait chez COGEL et que c'était un bon. Marcellin a un cœur d'or. Il habite Fontainebleau et il fait le trajet Fontainebleau-Sèvres et retour tous les jours de la semaine. Il ne sait pas ce que c'est que la semaine de quarante heures (ou 39, était-ce 39 en 1984 ?).

Les fins de semaines, il joue du saxophone dans un orchestre, et le bal des pompiers de Fère en Tardenois suit celui de la police de Milly-la-Forêt.

Il connaît tous les clients d'Amstrad France (dorénavant, dans ce chapitre, Amstrad France sera raccourci en Amstrad sauf contr'indication du médecin) ou du moins leurs voix, car il assure la permanence à Sèvres et règle les petits problèmes quotidiens au téléphone ; les livraisons, les douanes, le matériel manquant ou endommagé, les factures, les relances, il fait tout : c'est la cheville ouvrière d'Amstrad.

Justement, il est au téléphone, avec la Redoute :

« Oui, je sais, on vous avait promis la livraison pour la troisième semaine de juin pour votre nouveau catalogue. Mais, vous connaissez les Anglais, ils ont oublié un des documents de douane... mais c'est promis, vous êtes livré d'ici deux jours. Vous me connaissez, je ne vous raconte jamais d'histoires ! »

Et c'est vrai, Marcellin se met toujours en quatre pour résoudre les problèmes des clients. Il sait avoir le mot gentil pour l'employée des douanes récalcitrante pour qu'elle mette son dossier sur le dessus de la pile.

Marcellin Daniel a une nature heureuse et égale.

Quoique, aujourd'hui...!!

Quand Marion lui a annoncé qu'Amstrad allait vendre des ordinateurs, des micros, il a bien pensé microphone en mélomane qu'il est, mais il s'est rendu à l'évidence : les micro-ordinateurs n'ont rien à voir avec la musique. Il s'est renseigné, mais ça ne l'a pas rassuré. La micro-informatique est encore un domaine réservé aux hobbyistes (certains puristes rejetant les anglicismes veulent utiliser violon d'Ingres à la place de hobby. Soit, mais ceux qui ont un hobby, on les appelle quoi ? Violons dingues ?) en 1984 en France, et c'est pour cela, entre autres, qu'Amstrad va y faire un carton.

Alors aujourd'hui, Marcelin a un peu le blues. Qu'est-ce qu'on va faire pour vendre ces ordinateurs ? Qui va les réparer ? Que vais-je répondre aux clients qui me demandent des renseignements.

On verra bien après les vacances !

Il se trompe.

Retour en arrière.

Mouvement de dame

Amstrad France a donc été créée en 1982. Par une certaine Marion Vannier, inconnue à l'époque, médiatiquement célèbre maintenant. Pour ceux qui ne connaissent pas encore son histoire, je vous livre l'article paru en Avril 88 dans le mensuel Dynasteurs et intitulé :

« Marion Vannier, l'autre Dame de Fer » (bien que, quoique... j'hésite... quand je pense à ce qui est arrivé à la pauvre Maggie en novembre 90... la roche tarpéïenne est toujours aussi proche du Capitole !) :

« Je suis carrée dans ma tête », dit-elle pour se définir. Ce qui est un moyen d'admettre que, chez elle, l'angle prédomine. Ses fournisseurs sont payés pour le savoir : elle en change souvent. Et ses cadres. Pas le droit de fumer, et d'arriver après 9 heures (même quand on est sorti à 20 heures), de lire le journal ou de s'absenter... Certains n'ont pas pris de vacances depuis 2 ans. Du reste, ce que les autres pensent, d'elle en particulier ou du monde en général, Marion Vannier, ne perd pas son temps à l'examiner... « Il faut manager comme on ressent les choses. Sinon, ça ne marche pas. »

Or, chacun le reconnaît : avec elle, tout marche... En six ans, le chiffre d'affaires de la filiale France d'Amstrad est passé de 0 à 1 milliard de francs. C'est-à-dire que près du cinquième du chiffre d'affaires du groupe se réalise actuellement sur l'Hexagone ; croissance financée sur les ventes. Et sans apport de capitaux britanniques.

De cette réussite hors du commun, Marion Vannier a retiré la conviction qu'il lui fallait continuer d'exister selon des normes hors du commun. Longiligne, imperturbablement vêtue d'un tailleur strict enfilé sur un pull de couleur, elle siège désormais à la Commission Progrès des entreprises au CNPF. « Mais je n'y consacre pas plus de deux heures par mois. Les rapports de 74 pages, c'est pas mon truc ! »

Elle s'amuse encore de ce qu'on ait pu la croire intimidée lors de son premier conseil d'administration dans l'Essex. « Moi je dis ce que j'ai à dire. » Et ponctue ses interviews aux journalistes de : « Vous n'écrirez pas ça », impératifs. « Les hommes ne se rebiffent pas », s'étonne-t-elle parfois.

Pour comprendre l'origine de ce comportement d'executive woman en version hard, il faut imaginer les Charentes avant 1968. Une campagne barrée de vignes. Des villes aux pavés luisants de pluie, sans surprise. Chacun connaît chacun. Il y a ce qu'on dit et ce qu'on ne dit pas. Ce qu'on fait et ce qu'on ne fait pas. « D'origine parisienne, en tant que directeur commercial des cognacs Otard, mon père s'était intégré à ce milieu terrien. Ma mère ne travaillait pas. J'étais élevée chez les religieuses. Destinée, comme mes deux autres sœurs à me marier, avoir des enfants et faire tapisserie au salon. »

Le hasard voulait que Marion n'eût pas l'effacement qui sied aux jeunes filles de l'après-guerre... Elle monte les chevaux les plus rétifs, participe aux championnats de France de gymnastique... « Je n'ai jamais su attendre. Je voulais exister. M'assumer. Être libre. »

À 18 ans, elle épouse l'héritier d'une distillerie. Cela revenait à quitter une prison bourgeoise pour des oubliettes quasi aristocratiques. « Autour du château, il y avait davantage de dépendances que d'indépendance. » La messe est obligatoire. « Gantée et un foulard sur les cheveux. »

« J'avais beau jardiner, monter à cheval, jouer au tennis, je ne parvenais pas à remplir mes journées. » Elle prend des leçons d'anglais. S'essaie à la dactylographie. Et à 21 ans, prend le train pour Paris.

« J'ai posé mes valises chez une amie de mon père. Quarante-huit heures plus tard, elle m'avait trouvé une place d'hôtesse-standardiste dans une banque près des Champs-élysées. Je gagnais 850 francs par mois, et je payais ma chambre 400 francs. Mais j'étais libre. » Commence alors un turn-over accéléré : télexiste dans une filiale d'Europe 1, comptable chez un grossiste du Sentier...

Le salaire progresse péniblement, 1 300 puis 1700 francs par mois. « Mon idée c'était que, n'ayant pas de diplôme, je devais trouver une place qui me permette d'apprendre. »

Elle la repère dans les petites annonces. « Un détaillant en matériel bureautique cherchait un administrateur des ventes. Il s'agissait de suivre les commandes et la facturation. » Elle se vendra à l'arraché. « Quand il m'a demandé comment on calcule un taux de TVA, je lui ai répondu que je n'en avais aucune idée. Mais que s'il me consacrait trois minutes à me l'expliquer, je le calculerais aussi bien qu'une autre. »

Une fois dans la place, elle se rend indispensable : commandes, secrétariat, comptabilité, dans cette PME d'une vingtaine de personnes tout passe bientôt par elle. Elle finit même par mettre en touche le directeur commercial, un Sup de Co traumatisé par la capacité de travail de cette autodidacte en jupon...

Mais son coup de chance, c'est quand Alan Sugar, PDG d'Amstrad, avec lequel elle était en relation, lui demande si elle accepterait de prendre la responsabilité de la filiale France.

En mars 1982, celle-ci n'existe que sur le papier. Dans l'esprit d'Alan Sugar, il s'agit de commencer par court-circuiter des agents avides de marge grâce à une mini succursale performante. Tout l'art de Marion Vannier va consister à transformer son strapontin en fauteuil. À faire un siège social d'une gare de triage. « J'ai loué un bureau de 30 mètres carrés avec un téléphone et un télex. Et je me suis mise au travail. » À la clôture du premier exercice, le chiffre d'affaires atteint 12 millions de francs sur trois mois. En 1983, 17 millions... Mais quand le staff d'Amstrad se lance dans la bataille du micro-ordinateur domestique, il s'adressera à une autre société, censée lui assurer une diffusion européenne.

Mise au pied du mur, Marion. Elle réagit vivement. « Pour préserver l'avenir d'Amstrad France, j'ai décidé de passer une commande équivalente. Soit 5 000 pour la France. » Un fabuleux coup de bluff. « C'était à la veille des vacances. J'ai commencé à prospecter. J'avais 17 clients en portefeuille. Ils me passaient des offres d'achat par dix unités. Je paniquais. »

Elle décide donc de bluffer une seconde fois. « Dès septembre, j'ai embauché un troisième collaborateur. Et j'ai investi dans une campagne de publicité musclée sur laquelle était écrit : renseignez-vous auprès de votre détaillant le plus proche. Après cinq ou six ventes ratées les commerçants craquaient et ils commandaient. »

La force de Marion Vannier à partir de cet instant, a été d'assumer coûte que coûte le suivi des commandes. « On commençait à 6 heures du matin. Je quittais le bureau à 19 heures pour m'occuper de mes enfants et je revenais à 21 heures. Lors de cette année – décisive – il a fallu tout faire en même temps. Louer des locaux plus spacieux, embaucher, informatiser la gestion. Finalement, ce n'est pas 5 000 micro-ordinateurs que nous avons vendus mais 10 000 ! »

En 1985, le chiffre d'affaires s'élève à 251 millions. En 1986, à 750 millions. La filiale France croît plus vite que la maison mère.

« Aujourd'hui, remarque Marion Vannier, nos effectifs atteignent 40 personnes. Nous sommes structurés. Je ne suis pas obligée de tout faire moi-même. Et je viens d'acquérir 3 800 mètres carrés de stockage. Mais j'essaie de conserver à la maison la souplesse qui a fait sa force. Je sous-traite au maximum. Pourquoi faire soi-même le métier des autres ? Je fais permuter mon personnel. Il faut que chacun comprenne que – dans la vie – aucune situation n'est figée. » Elle le fait savoir. « J'ai des employées chez moi qui habitent à l'autre bout de Paris. Les pauvres, elles se lèvent à 5 heures du matin. Mais les gens acceptent tout. Elles devraient déménager. »

La Dame de fer de l'électronique grand public s'applique aussi la recette à elle-même. Elle s'est remariée. Elle commence à s'intéresser à autre chose qu'aux résultats de son entreprise. Pour le plus grand profit des résultats futurs, n'en doutons pas. « Je n'aimais pas être agressée par les nouvelles. Maintenant je me rends compte qu'un chef d'entreprise doit disposer d'un minimum d'informations. » Par là elle n'entend pas seulement les revues professionnelles.

« J'ai terminé Le Lion, de Joseph Kessel. » Et elle écoute le Top 50... De là à penser qu'elle puisse oublier Amstrad, il y a plus qu'une nuance. « Alan Sugar est un pragmatique. Il me laisse carte blanche sur la France. Mais il ne me pardonnerait pas une erreur. » Elle avoue que, parfois, son job de PDG lui occasionne des insomnies : la réussite est à ce prix.

Cet article est signé Michel Derenbourg ; pour accompagner le texte vous avez droit à trois zolies photos en couleurs, Marion en plein swing sur un terrain de golf, dans sa maison de Sèvres avec son mari, et à Brentwood au milieu du conseil d'administration d'Amstrad. Une belle démonstration de relations publiques, qui résume bien la trajectoire du PDG d'Amstrad France.

Marché mouvementé

Mais revenons à 1984 et au marché de la micro-informatique en France. La France a toujours été en retard. Enfin, pas toujours. Mais souvent. Heureusement, il y a Ariane et le TGV. Mais le paysage micro-informatique français en ce milieu de l'an de grâce 1984 était beaucoup plus limité qu'en Angleterre ou aux états-Unis.

Les acteurs principaux s'appelaient Thomson avec son TO7, Sinclair avec son Spectrum, Commodore, Atari, ORIC, et un peu d'Electron de chez Acorn et deux petits Français qui s'appelaient Hector et Excelvision. Une foultitude d'autres petites marques, Laser, Aquarius, une grande marque, Philips avec son VG 5000 (13 K de mémoire disponible, mais on annonçait une extension mémoire de 16 K), les Japonais au standard MSX promis à un avenir... prometteur, selon certains organes de presse ; ils étaient représentés par Canon, Yamaha, Yashica, Yeno, Sanyo, etc. Oh, j'allais oublier ma petite copine Alice de chez Matra, vous savez, ce petit ordinateur rouge dont la mémoire vive atteignait 4096 octets, autrement dit, un pantagruélique 4 K.

Les consommateurs avaient donc le choix : malheureusement, tous ces ordinateurs étaient chers. D'une part, le fait de traverser la Manche leur faisait prendre facilement 40 % d'embonpoint sur le prix. Et les micros français pur sucre avaient une diffusion restreinte à l'exception du Thomson. Un exemple parmi d'autres, la console Commodore 64 (sans écran et sans lecteur de K7, rappelez-vous) coûtait 3 850 francs, prix public.

Une liste publiée en novembre 1984 dans un journal micro-informatique recense 31 modèles différents. Seul un modèle est encore en vente en 1991. Devinez lequel ? L'Amstrad CPC 464, oui, comme vous l'aviez deviné tout seul, sans aucune indication ou sollicitation de ma part.

Les ordinateurs MSX étaient les favoris de la presse en général. Les ordinateurs japonais ou asiatiques avaient choisi un standard commun, avec le même basic Microsoft, et ne différaient que par leur aspect extérieur et des extensions plus ou moins nombreuses. Les journalistes voyaient là un avantage certain, le fait que l'on pouvait utiliser les mêmes logiciels sur toutes ces machines. Ils voyaient arriver le rouleau compresseur japonais, la standardisation nécessaire et admiraient la qualité de ces produits, ce qui les changeait des pannes aléatoires des Spectrum, Oric ou autres Thomson. Ils oubliaient un facteur : Le Facteur Logiciel, qui favorisait en France Thomson, lequel portait ses efforts sur le marché éducatif suivant le bon principe que l'enfant qui a goûté à une machine à l'école poussera ses parents à lui acheter la même pour la maison. Et Thomson ne lésinait pas à soutenir les concepteurs de logiciels en France pour que sa machine soit bien dotée sous ce rapport.

Et ils oubliaient, ou plutôt n'avaient pas encore connaissance d'un autre facteur : Amstrad. Il est certain que sans la présence d'Amstrad, les ordinateurs MSX japonais auraient fait une percée en France : après tout, il s'en est vendu quelques millions au Japon ; mais l'Amstrad arrivait avec l'atout fondamental : le système intégré, une prise à brancher et ça marche. Plus un effort dans le domaine des logiciels adaptés aux marchés visés.

Un autre atout d'Amstrad qui va s'avérer fondamental à long terme : la fiabilité. Il ne faut pas tirer sur les ambulances, mais il faut bien avouer que certaines machines comme le Spectrum ou l'Oric donnaient une mauvaise image de la micro-informatique. Des taux de retour de 30 % étaient relativement fréquents. Imaginez les réactions des clients et des revendeurs : heureusement qu'ils étaient de bonne composition à l'époque ; c'est vrai aussi qu'une partie de ces retours n'étaient pas des pannes véritables : manque de compatibilité entre les ordinateurs et les lecteurs de K7 ou les téléviseurs et leurs câbles de raccordement. On revient à la case départ : Le 464 et sa conception de produit complet.

Aujourd'hui encore, j'ai du mal à comprendre comment certains journalistes français ont pu ignorer l'effet Amstrad et encore plus, pourquoi les constructeurs concurrents n'ont pas su faire l'analyse des raisons du succès d'Amstrad. Tout était dans le produit et dans l'action marketing et publicitaire. Mais surtout dans le produit.

Pendant deux ans, j'ai eu peur d'une contre-attaque de Thomson : ils avaient les moyens, ils produisaient des tubes télévision par millions, ils auraient pu se battre sur le même terrain qu'Amstrad : des produits complets. Ils ne l'ont pas fait. Il n'y a plus de micro-ordinateurs Thomson.

Revenons au PIF, version 84. Le PIF, comme chacun sait est le Paysage Informatique Français. Moi aussi, je sais inventer des acronymes.

La micro-informatique 1984, c'est le bouillonnement, c'est des journaux qui se créent toutes les semaines, c'est des maisons d'édition qui foncent sur ce créneau. La demande est telle que tout se vend. Vous achetez un ordinateur, vous pondez quelques programmes, émerveillé par votre audace et vous écrivez un livre avec quelques programmes. Ou alors, vous allez un peu plus loin et votre programme évolue, s'enfle et devient une valeur marchande. Vous vendez votre programme et c'est la gloire. Enfin, les médias mettent en avant ceux qui marchent bien. Il y a peu d'élus. Mais ils sont plutôt jeunes. Et ils ont des idées.

C'est la génération spontanée au niveau des revendeurs aussi. Des boutiques micro-informatiques sont ouvertes tous les jours, de St Pourçain sur Sioule à Trébeurden, d'Arras à Pamiers, elles poussent comme des champignons. Les multispécialistes comme la FNAC ou DARTY se lancent prudemment dans l'aventure, ainsi que Conforama et une ou deux chaînes d'hypermarchés.

Dans le domaine des micro-ordinateurs professionnels, c'est le début de l'empoignade entre IBM et Apple. IBM a sorti son PC XT en mars 1983, et Apple a lancé son Macintosh en janvier 84. Ceci aux états-Unis. En Europe et plus particulièrement en France, ces machines sont réservées à une élite, vu leur faible diffusion. Les Américains préfèrent alimenter leur marché d'abord. Mais l'apparition d'IBM sur le créneau de la micro-informatique a l'avantage de rendre crédibles les micro-ordinateurs : si IBM se lance sur ce marché, c'est qu'il a un avenir. Et cela va profiter à tout le monde : Apple, les autres, Amstrad en particulier.

Enfin, un petit journal hebdomadaire commence à faire parler de lui. Hebdogiciel. Créé pendant l'été 83 par Gérard Ceccaldi, qui y a investi tous les bénéfices réalisés grâce à la vente de livres sur les ordinateurs de Texas Instruments, il publie surtout des programmes pour des aficionados, et son style jeune, décontracté et iconoclaste lui amène de plus en plus de lecteurs : ils savent que leur journal indépendant, qui refuse la publicité des constructeurs, ne cherche pas à leur faire prendre des vessies pour des lanternes.

Mouvement statique

Brentwood, 19 juillet 84, 6e étage.

Je viens de prendre un coup de vieux. Passe encore qu'Alan Sugar soit plus jeune que moi d'un an, mais on vient d'annoncer à France Inter que le nouveau premier ministre est un certain Laurent Fabius, mon cadet de deux mois. D'accord, tous les commentateurs s'accordent pour dire qu'il est jeune (ça me rassure) et brillant, mais quand même... ça me fait quelque chose.

Engagé trois semaines auparavant par Alan Sugar et Marion Vannier, je n'ai pas vu le temps passer. Les premiers CPC 464 doivent arriver en France durant la deuxième quinzaine de septembre ; d'ici là il faut :

— traduire et adapter le manuel de l'utilisateur, le composer et le faire imprimer ;
— traduire et adapter les instructions pour cinquante logiciels qui vont accompagner le lancement. Pour les jeux, c'est pas trop compliqué mais pour les logiciels éducatifs et professionnels, c'est pas du gâteau ;
— prendre contact avec les journaux spécialisés en France pour qu'ils parlent de l'Amstrad ;
— trouver un moyen de se glisser au SICOB, la manifestation micro-informatique incontournable qui débute le 19 septembre à la Défense ;
— préparer la campagne publicitaire : faute de temps, une adaptation de la campagne anglaise est la seule solution ;
— élaborer la documentation commerciale et publicitaire destinée au lancement du produit.

Heureusement, je sais que le CPC 464 est une bonne machine et que les atouts du produit favoriseront sa commercialisation ; j'ai même prédit la pénurie initiale et évoqué le chiffre de 100 000 machines pour la première année, arguments à l'appui.

Je me suis attaqué sans tarder à la traduction du manuel, 280 pages bien tassées. Pour accélérer le mouvement, nous avons décidé d'une procédure rapide. Chaque fois qu'un chapitre est traduit, il est tapé à la machine, relu, corrigé, puis composé pendant que je fais le chapitre suivant. Le fait que la secrétaire qui tape le texte n'est pas francophone complique un peu le système, tout comme la présence d'accents et autres cédilles, vu l'absence de machine en clavier AZERTY chez Amstrad Angleterre. Nous bidouillons des systèmes de code que la Linotype peut comprendre et ça tourne correctement. De toutes façons, l'atmosphère est sympathique et euphorique. Je trouve même le temps d'écrire un article pour le no 1 du journal destiné aux utilisateurs, Amstrad Computeur User (que tout le monde appelle ACU), produit entièrement au 6e étage et qui sortira fin août. Ce journal tiré à 20 000 exemplaires, sera épuisé en moins d'une semaine, signe de l'intérêt porté au CPC 464. C'est un programme sur les fenêtres dans lesquelles j'ai ajouté d'une manière perfide des commentaires en français. Il faut bien construire l'Europe.

Pour la traduction des instructions de jeux, je fais participer mes chères têtes blondes qui ne demandent que cela ; même s'ils ne traduisent pas beaucoup, ils testent les jeux à fond, bien mieux que je ne saurais le faire. Je leur fais donner des notes de 0 à 20 pour chaque jeu, ce qui m'aidera bien pour savoir les quantités à commander.

Cela vaudra à ma fille de sept ans un instant de célébrité au Sicob, se trouvant à une machine en train d'écrire un petit programme, elle sera l'occasion d'un attroupement et d'une petite séquence télévisée tendant à montrer qu'il n'y avait pas d'âge pour l'informatique. C'est beau la jeunesse !

Pour les contacts avec la presse française, ce fut difficile, du genre « Qu'est-ce que c'est que cet Amstrad, inconnu au bataillon ! » D'autant plus que contacter les journalistes à Paris en juillet ou en août, par téléphone, relève de l'utopie. Mais je réussis à accrocher trois ou quatre rédacteurs, alléchés par la documentation que je leur avais envoyée. Ces contacts allaient porter leurs fruits au mois de septembre ; cependant, sachant qu'il fallait peaufiner l'argumentation, je préparais un comparatif des principales machines distribuées en France face à l'Amstrad, qui faisait ressortir la trentaine de caractéristiques principales d'un micro-ordinateur et mettait en avant les prix à configuration égale. Sans trop forcer la note, l'Amstrad arrivait en tête dans la plupart des domaines ; si on ajoutait le prix, la conclusion était évidente. J'avais par machiavélisme ajouté une marque au tampon rouge : confidentiel, note interne Amstrad, sachant qu'il n'y a rien de plus attractif que le secret. Mettez sur un document : TOP SECRET, et vous êtes sûr qu'il attirera plus l'attention qu'un communiqué de presse. Et je distribuais ce papier de la main à la main, en faisant remarquer que la publicité comparative était interdite... C'était le fun.

Pour les logiciels éducatifs, la première fournée de dix est le travail d'une société spécialisée, Bourne Educational Software, dont les logiciels sont très prisés sur le BBC Acorn, la machine la plus vendue dans les milieux de l'éducation. Bourne a réussi à trouver un professeur (de) français en vacances en Angleterre et n'a pas eu de mal à le convaincre de se charger de l'adaptation, ce qui me soulagea d'un poids non négligeable : la traduction-adaptation d'un logiciel éducatif est un travail autrement plus long et ardu que la traduction d'une notice de jeu.

La traduction du titre des jeux donne lieu à quelques séances mémorables : Harrier Attack devient Exocet, ce qui fait tiquer un peu les Anglais, la Guerre des Malouines encore proche ayant montré l'efficacité de ce missile français aux mains des Argentins, Roland in the cave devient Roland à Lascaux, Hunter Killer devient 30 000 lieues sous les mers ; Laser Warp devient Attaque au Laser. Souvent, on se demande où les auteurs sont allés chercher leur titre et le scénario de leur jeu : après avoir lu la publicité et les instructions d'un jeu qui vous décrit une aventure apocalyptique en l'an 3000, digne des meilleurs scénarios de science-fiction, vous découvrez que le jeu est une énième resucée du jeu de casse-brique, aussi intéressante que la vision de la mire sur la télévision. Certains jeux montrent aussi beaucoup plus d'invention dans les instructions et la jacquette de la cassette que dans le programme lui-même qui est parfois d'une pauvreté rare. C'est vrai pour un grand nombre de logiciels sur toutes sortes de machines. Le fait qu'Amstrad se lance sur le marché relativement tard par rapport aux concurrents lui évite un certain nombre de nullités. Mais Amsoft n'y échappe pas complètement. Par exemple le logiciel no 410, appelé Pilote de Grand prix, est d'une nullité crasse, les couleurs sont laides, les voitures sont représentées par trois petits rectangles, le bruit des moteurs est du genre crécelle, il n'y a aucun pilotage, rien, nul, nul, nul : pourtant nous en vendrons plusieurs milliers (trois ou quatre si je me souviens bien) sur la foi du titre et du dessin sur la jaquette.

Il disparaîtra tout d'un coup lorsque la jeune société française Loriciels produira le jeu intitulé Rallye II, une vraie simulation de course automobile qui sait utiliser les capacités de la machine et aura un succès mérité ; Rallye II sera le premier logiciel français à être vendu par Amsoft en Angleterre.

Parmi les jeux à retenir dans les débuts de la machine, « Roland voyage dans le temps » dont le graphisme est un peu simplet mais dont la cinquantaine de tableaux différents permet de montrer la palette de couleurs disponible de manière avantageuse et surtout Sorcery, le premier jeu à utiliser pleinement toutes les capacités graphiques de la machine, intéressant et passionnant, du genre à faire passer des nuits blanches. Ce jeu est un atout à lui tout seul pour l'Amstrad, dans la mesure où il montre aux développeurs la voie de l'avenir et surtout valorise notre micro par rapport à toute la concurrence. En 1984, l'Atari ST et l'Amiga sont encore loin et un jeu comme Sorcery rend ridicules les possibilités graphiques d'un Spectrum ou d'un Thomson ; seul le Commodore 64 n'est pas complètement ridiculisé. Quant à l'Oric, c'est pour lui le « nail dans le coffin », alias dernier clou dans le cercueil : les développeurs vont abandonner cette machine pour consacrer leur talent au CPC 464.

Mouvement brownien

Revenons à notre été 84 à Brentwood. Tout baigne dans l'huile solaire, les journées ont plutôt douze heures que huit, j'ai installé ma petite famille en bord de mer à cinquante kilomètres de Brentwood (la mer du Nord), et j'ai peine à le croire, il fait beau pendant huit semaines, le soleil est au rendez-vous tous les jours, non ce n'est pas de la science-fiction, il arrive qu'il fasse beau en Angleterre ! Il y a des réputations difficiles à secouer.

William Poël dirige l'ensemble des documentations et de la préparation des logiciels avec doigté et diplomatie. La mentalité des développeurs de logiciels est à des années-lumière de celle d'un Alan Sugar ou d'un Bob Watkins ; et les interventions de ce qu'on appelle le « neuvième étage » sont souvent ressenties par Amsoft comme celles d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. D'un côté, Alan Sugar sait qu'il lui faut un maximum de logiciels pour le lancement et les premiers mois de sa machine, donc qu'il faut se concilier les maisons de logiciels, mais d'un autre côté leurs attitudes de divas cyclothymiques et leurs exigences financières lui paraissent exagérées. Aussi William doit-il intervenir pour soigner l'orgueil blessé de nos divas du logiciel sans lâcher sur le plan des royalties.

Les cinquante premiers logiciels seront disponibles d'une manière régulière en Angleterre dans le courant du mois de septembre.

Une des raisons de cette arrivée rapide de logiciels est à trouver dans la disponibilité dès le mois de mai de deux outils indispensables pour le développement : le livre du firmware (The Concise Firmware Spécification ou Guide du logiciel câblé) réalisé par Locomotive Software, un gros pavé qui étonna plus d'un spécialiste par la quantité d'informations fournies et un assembleur-désassembleur réalisé par Hi-Soft, un outil quasi-indispensable aux développeurs sérieux. À la réflexion, il faut même enlever le quasi.

Ce qui en étonna plus d'un, ce n'est pas tellement la présence de tels outils que leur disponibilité si tôt dans la vie de la machine, avant même qu'elle ne soit disponible sur le marché. D'habitude, les constructeurs ne relâchaient ces informations qu'au compte-gouttes et bien après le lancement de la machine.

Preuve supplémentaire qu'Alan Sugar, même s'il ne connaissait pas le monde des logiciels et leurs petites et grandes manies, avait compris que c'était aussi important que la machine et il avait donc engagé les actions nécessaires avec son efficacité coutumière.

Outre ces documents, les logiciels professionnels avançaient en même temps : le tableur, deux traitements de texte, un langage Pascal, un guide du Basic en deux parties et un budget familial. Le tout représentait quelques 4 000 pages de documentation dense, toutes composées et vérifiées au 6e étage en l'espace de quatre mois, une performance à tous égards exceptionnelle, encore plus remarquable si l'on sait que l'équipe du 6e étage comportait sept personnes seulement.

Et dans le même temps, en plus des travaux occasionnés par les documents en français, il leur fallait conseiller les Allemands et les Espagnols qui allaient aussi lancer le CPC 464 sur leur marché national.

élan publicitaire

Pour la publicité, vu les retombées du lancement d'avril dans la presse et la publicité gratuite obtenue par le CPC 464, Amstrad UK avait décidé de fonder sa première campagne sur la presse spécialisée ; cinq double-pages couleur étaient en préparation, toutes les cinq avec un graphisme et un design très proches. Ce qui changeait, c'était principalement l'accroche et l'image dans l'écran du CPC, ce qui donnait cinq messages différents. Dans un souci de rapidité et d'économie, on décida d'adopter la même campagne pour la France, ce qui se traduisait par un seul changement, celui du film en noir : nous gardions les mêmes images, seul le texte changeait.

Les cinq pubs montraient donc un CPC 464 couleur sur la page de gauche, tout seul avec l'accroche, un petit encadré comportant « CPC 464 complet avec moniteur et lecteur de cassette » et en gros le prix des deux modèles, 2 990 F TTC avec moniteur monochrome 4 490 F TTC avec moniteur couleur.

Tiens, tiens, vous avez une remarque sur le bout de la langue, je la sens venir.

Comment se fait-ce que la même machine est vendue 199 livres en Angleterre et 2 990 francs en France ? Bonne question, à laquelle il y a trois niveaux de réponse possibles :

  1. Comme je l'ai dit, la livre à l'époque valait environ 12 francs et fluctuait (sans pour autant mergiturer, si l'allusion vous pose un problème, demandez à Chirac) autour de cette parité. Il fallait garder une marge de manœuvre.
  2. La TVA française était (est toujours) de 18,6 % alors que la TVA anglaise était de 15 %. À noter que le prix de 199 livres était un prix hors-taxes, les Anglais ayant gardé l'habitude de parler hors TVA. Donc toutes choses étant égales par ailleurs, la somme de 199 livres hors taxes correspondait à 2 700 francs TTC.
  3. La petite marge supplémentaire fut considérée comme supportable par le marché français, qui était en moyenne 30 % plus cher que le marché anglais. Notre différentiel n'étant que de 10 % était donc inférieur à celui de la concurrence, ce qui faisait qu'en France, le prix relatif du CPC 464 était encore plus favorable qu'en Angleterre.

Les cinq messages retenus furent donc :

  1. « Pour comparer notre micro avec un autre, commencez par multiplier son prix par deux. » Mise en évidence évidente du rapport qualité/prix vis-à-vis de la concurrence. Incidente : le message est beaucoup plus court en anglais. J'ai toujours admiré la concision de l'anglais par rapport au français et cela m'obligeait souvent à utiliser des périphrases pour rendre le sens de l'accroche anglaise.
  2. « Le micro anti-crise ». Là, j'avais réussi à raccourcir le message anglais. Tout le monde parlait de crise en France (rappelez-vous Coluche : la crise !!!). Même Yves Montand s'y mettait. L'argumentation développée jouait sur deux tableaux, en temps de crise économique vaut mieux acheter moins cher, mais surtout le CPC 464 évitait les crises familiales. Combien de parents en effet se mordaient les doigts d'avoir acheté un ordinateur à brancher sur la télé : tôt ou tard, leur rejeton favori se heurtait au reste de la famille, on ne pouvait plus voir Dallas, ou alors c'était la crise. Il fallait alors acheter un moniteur ou une deuxième télé, ce qui n'était pas donné à l'époque (3 000 francs pour un moniteur ou une télé couleur). Quel univers impitoyable !
  3. « Un ordinateur personnel complet pour le prix d'un micro-familial. »
  4. « La raison pour laquelle notre nouveau micro est équipé de son propre moniteur vous apparaîtra au premier coup d'œil. »
    Ces deux messages étant suffisamment explicites, je ne vous ferai pas l'injure de vous les commenter.
  5. « Après tous les compliments sur le CPC 464 d'Amstrad, que peut-on ajouter ? »

Le message dans la publicité en France introduisait les périphériques de l'Amstrad, c'est-à-dire l'imprimante, les lecteurs de disquettes, manettes de jeux et interfaces possibles du genre modem. Important et essentiel. Mais il y manquait une petite touche qu'il n'avait pas été possible de traduire, et pour cause. La publicité anglaise mentionnait des commentaires de la presse du genre de ceux que je vous ai narrés au chapitre précédent : « moins cher et meilleur que le Commodore 64 », « va écraser l'Acorn Electron », « des graphiques à faire pâlir un Spectrum ». Oui, la publicité comparative était possible en Angleterre et ces citations avaient d'autant plus d'impact qu'elles provenaient d'une presse réputée incorruptible. Et qui ne manquera pas de taper sur Amstrad le jour venu.

Il existe aujourd'hui un débat sur la publicité comparative en France, sur le point d'être légalisée ; (correction, pendant que je finissais mon livre, elle a été légalisée, mais avec tellement de garde-fous que peu de sociétés en ont profité). J'ai mes doutes quant à son utilité finale, ayant pu comparer pendant six ans le résultat des campagnes parallèles en France et en Angleterre. Le produit qui a le mieux marché en Angleterre est le PCW 8256, qui n'a jamais fait appel à la publicité comparative chez les Anglais...

Disons que la publicité comparative permet des accroches publicitaires percutantes, encore plus percutantes si votre produit est réellement bon. Or ce n'est pas la publicité seule qui fait vendre un produit, c'est la convergence du bon produit adapté au marché et de la publicité qui fait vendre. Nous en reparlerons lorsque je vous conterai l'aventure Sinclair-Amstrad en détail.

Victor, constructeur d'informatique qui eut un succès important en France sur le marché des compatibles, utilisa longtemps une publicité comparative déguisée : « Plus rapide qu'XXX, moins cher qu'XXX », la référence à IBM étant évidente pour tous leurs acheteurs potentiels. Ce message, peut-être efficace en 1985 et au début 86, perdra toute efficacité quand le nombre et la diversité des marques de compatibles augmentera de manière significative, et encore plus lorsqu'Amstrad se lancera sur le marché des compatibles.

Amstrad sera l'objet d'une publicité comparative déguisée lorsqu'un petit constructeur de compatibles trouvera le slogan : « Des prix à faire pleurer les crocodiles ». Je ne sais pas si cela leur a fait vendre un ordinateur de plus, mais je subodore que ce slogan leur a fait plaisir.

Disons qu'une publicité comparative permet à un directeur de marketing ou de publicité de valoriser sa marque par rapport aux leaders du marché. Comme toute chose, utilisée à bon escient, elle peut être efficace. Comme la langue d'ésope.

Cette petite digression sur la publicité comparative étant refermée, revenons à l'été 84, sous le chaud soleil de Brentwood.

Mouvement mobilisateur

Restait le Sicob. Trouver une petite place au Sicob. Une toute petite place. Impossible. L'impasse totale. Impossible de trouver un stand officiel, ils étaient réservés depuis des lustres. Je mis néanmoins Amstrad sur la liste d'attente en cas de désistements nombreux, sans grand espoir. Et j'essayai de me glisser sur le stand d'un éditeur de logiciels ou de livres. Mais au mois d'août, c'était impossible de contacter les vrais responsables ; je pris quelques rendez-vous pour le mois de septembre, au cas où.

Après avoir mis au point la cassette de démonstration en français avec Roland Perry, nous fêtâmes la bonne fin du manuel et trinquâmes au succès de la machine en France à l'auberge du Cygne (à moins que ce ne soit celle de la Vache Rouge ; les noms des pubs anglais peuvent être délicieusement désuets).

Guerre de mouvement

Le CPC 464 était prêt à débarquer en France.

★ EDITEUR: QWERTY
★ AUTEUR: François QUENTIN

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L'Amstrad CPC est une machine 8 bits à base d'un Z80 à 4MHz. Le premier de la gamme fut le CPC 464 en 1984, équipé d'un lecteur de cassettes intégré il se plaçait en concurrent  du Commodore C64 beaucoup plus compliqué à utiliser et plus cher. Ce fut un réel succès et sorti cette même années le CPC 664 équipé d'un lecteur de disquettes trois pouces intégré. Sa vie fut de courte durée puisqu'en 1985 il fut remplacé par le CPC 6128 qui était plus compact, plus soigné et surtout qui avait 128Ko de RAM au lieu de 64Ko.