★ LITTÉRATURE ★ LE CERVEAU ET L'ORDINATEUR|Micro-Systemes) ★ |
Le Cerveau et L'ordinateur |
On a coutume de voir comparer cerveau et ordinateur par des informaticiens. Ici, au contraire, c'est un neurologue, un spécialiste des sciences de l'homme, qui parle.Cet ouvrage est le troisième volet d'un ensemble (les deux premiers étaient le cerveau et l'esprit et l'ouvrage des sens: Flammarion, 1984 et 1986) ayant pour objectif d'explorer les frontières du cerveau de l'homme. Guy Lazorthes traite l'informatique en tant que « partie de la culture générale », dont les principes et le vocabulaire doivent être enseignés comme ceux de la chimie, de la physique, de la biologie, des mathématiques... La principale idée est d'essayer de répondre à la question : « Quels sont les caractères communs et les dissemblances' du cerveau et de l'ordinateur ? » en évitant la spéculation philosophique et la fiction scientifique. Au-delà des analogies générales entre cerveau et ordinateur - l'un et l'autre captent des informations, les mémorisent, les traitent, les interprètent et fournissent une réponse -, cette étude met successivement en parallèle chacune de leurs particularités structurales et leurs performances propres. Mais l'auteur remarque que, « si, par leur forme, leur assemblage, leur finalité, les structures supportent la comparaison, la différence fondamentale est que le cerveau est non seulement totalement dépendant de son programme de construction génétique, mais aussi modulé par l'expérience de l'incessant dialogue qu'il entretient avec l'environnement par la voie des appareils sensorimoteurs et par la conscience de son propre fonctionnement. Il est évident qu'on ne peut pas en dire autant de l'ordinateur. » Dans la première partie, l'auteur compare les structures - généalogie, architecture, unités structurales et fonctionnelles -, chacun des chapitres étant partagé en deux parties consacrées respectivement au cerveau et à l'ordinateur. Ainsi, la comparaison des généalogies « est pour une grande part faite d'artifices en raison de leur dissemblance totale » : celle du cerveau correspond à une évolution de 500 millions d'années, alors que l'ordinateur date de moins d'un demi-siècle. A une époque où l'on parle de plus en plus fréquemment d'ordinateur neuronal, il est opportun aussi de faire le point sur les différences morphologiques, mais surtout d'organisation, entre neurones biologiques et unités fonctionnelles de l'ordinateur. « Malgré l'emploi de métaphores biologiques, le cerveau et l'ordinateur n'ont que de très lointaines parentés », avertit l'auteur. La comparaison entre les sens de l'homme et de l'ordinateur (capteurs sensoriels) est l'occasion de passer en revue les biocapteurs, capteurs tactiles, rétines, systèmes de reconnaissance de formes, reconnaissance vocale, et débouche sur les perspectives de la communication homme-machine. La deuxième partie est consacrée aux performances de l'ordinateur. Après une introduction historique, G. Lazorthes explique la pensée, la mémoire et le langage du point de vue biologique, puis les tentatives de simulation de ces facultés par la machine, tout en soulignant leurs différences fondamentales. Les chapitres suivants sont essentiellement consacrés à l'ordinateur : le calcul et les données numériques, l'automatisation et les technologies dérivées (télématique, monétique, bureautique, productique...), l'intelligence artificielle. Les derniers chapitres de cette partie traitent en revanche de caractéristiques essentiellement vitales, comme l'imagination, la sensibilité, l'autonomie, la psychologie, la pathologie..., bien que pour cette dernière on parle aussi aujourd'hui d'épidémies et de virus subis par les ordinateurs. La troisième partie est réduite à un chapitre : les robots, qui devraient idéalement réunir toutes les facultés de l'homme, avec des qualités en plus, mais qui hélas I font preuve de grosses lacunes si l'on songe par exemple à ce robot qui, en 1981, tua un ouvrier japonais qui s'employait à réparer un autre robot. Ce très grave problème, ainsi que les questions fondamentales que l'auteur résume en guise de conclusion, est l'un des plus mobilisateurs que pose la science de cette fin de XXe siècle, à savoir les limites de la machine et de l'intelligence artificielle, ainsi que les règles déontologiques auxquelles il convient d'en soumettre strictement les pouvoirs exorbitants.
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