★ LITTÉRATURE ★ DE NOUVELLES VOIES VERS L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE|Micro-Systemes) ★ |
De nouvelles voies vers l'intelligence artificielle |
Pluridisciplinarité, auto-organisation, réseaux neuronauxA une époque où l'on parle de plus en plus souvent de réseaux neuronaux et de connexionnisme, le livre de Jean-Claude Perez, aisé et agréable à lire, permet de faire le point sur les aspects scientifiques de cette question. Il s'agit en fait de concevoir une « science » pour l'intelligence artificielle, laquelle est déjà une technique, appliquée notamment dans les systèmes experts - alors que, comme le souligne l'auteur, « le plus souvent, la science précède la technique ». Cette « science de l'intelligence artificielle » serait fondée sur « la conviction que c'est à partir de l'infiniment petit qu'il fallait bâtir les recherches », conviction basée sur le fait que « des organisations de haut niveau peuvent émerger d'une combinaison du hasard, de la dynamique et de l'application massive et parallèle d'une loi simple de régulation... ». C'est ce que montre notamment l'algorithme du « jeu de la vie » inventé par Gardner. L'ouvrage de J.-C. Perez comporte trois parties. Dans la première, une sorte d'« état de l'art », l'auteur analyse l'état actuel de la recherche en I.A. et montre comment de grands chercheurs sont amenés à se tourner vers d'autres disciplines, telles la physique, la biologie, la neurophysiologie... pour en extraire des idées ou des modèles. De ces recherches se dégagent principalement deux voies : l'analytique et formelle, inaugurée par Mc-Carthy, Winograd, etc., avec ses langages (Lisp, Prolog), les moteurs d'inférences et les systèmes experts ; c'est la voie qui débouche vers l'« ordinateur de cinquième génération ». L'autre, la voie connexionniste et des ordinateurs neuronaux, qui sera détaillée dans la suite de l'ouvrage, prend naissance avec les travaux de McCulloch et d'Aleksander sur les automates cellulaires, et plus récemment, s'est développée grâce a Hopfield, Kirkpatrick, Psaltis, etc. Il convient ici de préciser la définition d'un automate cellulaire : on peut le considérer comme un véritable réseau d'ordinateurs élémentaires (les cellules), chacun communiquant avec son voisinage, d'où le nom de connexionnisme. Cette théorie nous conduit à la deuxième partie, où l'auteur nous emmène aux « racines pluridisciplinaires de l'I.A. ». Il montre comment de grands chercheurs issus d'autres disciplines pourraient contribuer, inconsciemment et involontairement, à faire avancer la recherche en intelligence artificielle. Leurs contributions sont rassemblées autour de trois grands thèmes : le rôle du hasard, l'holographie et la « dynamique du chaos ». Ainsi, les automates cellulaires rendent compte de comportements de systèmes physiques qui évoluent, à partir d'un état initial aléatoire, vers une structure fortement organisée telle que les nuages, flocons de neige, termitières... Certains systèmes dont la structure, particulièrement complexe, s'apparente à une fractale, portent le nom de « chaos fractal ». C'est à cette catégorie d'automates, ou « ordinateurs fractals », que fait principalement référence le livre de J.-C. Perez. Enfin, dans la troisième partie, l'auteur présente, à l'aide d'exemples concrets, des réalisations de systèmes d'intelligence artificielle fondés sur ces recherches pluridisciplinaires : « Chaleur », un système issu de la thermodynamique, « Waves » issu de l'holographie, « Chaos fractal » issu du magnétisme et des « verres de spin ». L'ouvrage se termine par des applications de ce modèle en reconnaissance de formes, systèmes experts « temps réel », auto-apprentissage, problèmes d'optimisation et modélisation de phénomènes physiques non linéaires.
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