Après le Ying et le Yang, place désormais au Ping et au Pong ; mais comme on est plutôt nationaliste, on préférera évidemment parler de tennis de table. Ce sport extrêmement populaire en Chine est toujours resté pour moi un étrange mystère. Comment font-ils ces diables d'hommes pour inventer des jeux aussi durs ?.. C'est pour cela que j'ai provisoirement occupé le siège d'arbitre et laissé ma place aux deux maîtres à penser de la Révolution informatique de cette fin de siècle (on n'a pas peur des mots !), j'ai nommé : la rédaction d'Amstar, Denis Bonomo et Marcel Lejeune. (Cela faisait longtemps qu'ils avaient disparu de mes bancs d'essais...). Le tirage au sort (truqué !) ayant désigné Marcel au service, c'est lui qui a le joystick ; Denis doit se contenter du clavier... bien fait ! Avec ses gros doigts, il va louper tous ses coups ; mais comme il y a une justice et seulement une chaise, Denis, du fait de son désavantage, a mon autorisation pour en bénéficier... Ainsi, son adversaire, pour la première fois de sa vie, le dominera de quelques centimètres ! L'engagement entre les deux hommes s'annonce féroce car ils se sont entraînés séparément, face à l'ordinateur, pendant des heures. En moyenne, ils parviennent tous deux au troisième niveau, ce qui est fort honorable, surtout quand on sait que le jeu en comporte cinq (de niveaux, patate !)... Le jeu se gagne au meilleur des trois sets, chaque manche se jouant en onze points. Dès le début de la rencontre, les deux protagonistes tentent fort maladroitement de s'impressionner mutuellement par quelques compliments recherchés que je ne rapporte pas ici de peur de choquer des âmes sensibles !.. Ils usent de tout leur savoir : coups droits, revers et smashs, mais impossible de les départager ! Pourtant, Denis semble avoir du mal à s'habituer au clavier ; sa raquette matérialisée en fond de court se fait balader... Marcel, quant à lui, rigole planqué derrière le manche à balai. Les effets sonores agacent les joueurs et la tension monte. C'est alors que le révérend Pellan, profitant de l'atmosphère, essaye de leur vendre Palmanach des jeunesses communistes ; quelle glue, celui-là ! Il ne manque plus qu'il ne se prenne pour un fakir... La partie a dû être interrompue car une balle visiblement sortie de la table, mais jugée bonne par l'ordinateur, a été accordée à Marcel. Denis, n'y tenant plus, a déclaré que ce jeu aux graphismes superbes, à l'animation démoniaque et à l'intérêt évident, souffre malheureusement de quelques imperfections. Il n'en demeure pas moins un des jeux les plus réussis du marché... en un mot génial ! Tandis que nos deux protagonistes se réconcilient autour d'une bouteille de bon calva, la présentation du jeu tourne... Pauvre passant, innocent et fragile : croyez-moi, vous tomberez à votre tour dans l'atmosphère crépitante de cette simulation... mais n'est-il pas déjà trop tard ? AMSTAR n°4 |