Vous pensez savoir vous battre ? Pas de problème vous étiez le meilleur au bras de fer dans votre classe de maternelle. Votre supériorité musculaire ne fait aucun doute. Pourtant lorsque bercé par une tendre brise vespérale porteuse de mélancolie, vous vous laissez aller aux agréables amertumes des regrets, il vient parfois fleurir dans votre esprit le myosotis du doute : et si votre force légendaire n'était qu'une illusion inavouée, celle dont les hommes aiment à se parer afin d'oublier un instant la banale quotidienneté du vécu journalier. Rongé par l'angoisse comme la prémolaire par la carie dentaire, vous décidez de parcourir le monde connu et inconnu afin de rencontrer les adversaires dont la défaite apaiserait votre égo tourmenté. Le voyage périlleux au sommet de tous les dangers commence par le pays éclairé en permanence par l'astre solaire ascendant, en un mot le Japon. Un quidam asiatique et néanmoins adipeux se présente devant vos bras musculeux. Cet être au visage énigmatique se déplace en un ballet indéfini, ponctué de soubresauts offensifs dont l'efficacité reste encore à prouver. Je ne puis évoquer la suite du combat sans m'auto-censurer. En effet la violence du combat (force 7 sur l'échelle de la grenouille) m'oblige à me taire et à sombrer dans l'alcoolisme si cela me chante. Nez en moins, après cette victoire si évidente, un autre adversaire se présente : un Allemand plus communément appelé Neinja. Celui-ci présente plus d'intérêt pour votre art puisqu'il possède des shurikens et que le bougre en abuse ma foi. Les combats se suivent et se ressemblent : la chair à pâté qui se traîne lamentablement à vos pieds en est la preuve à moitié vivante. Hardi petit, votre baluchon est déjà prêt à vous suivre en Amérique, en Angleterre, en Chine et en Thaïlande.Un jeu de combat de plus ? C'est en effet la définition que l'on pourrait donner de Street Fighter. L'animation est lente et les mouvements ne sont pas très variés. CPC n° 38, Octobre 1988
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