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Alan Sugar - The Amstrad Story | Alan Sugar Monsieur Amstrad |
Alan Sugar, vous devez le connaître, savoir ce qu'il pense : vous lui devez tout ! ( Ou presque... ).Alan Sugar, c'est le P.D.G. d'Amstrad à Brentwood (en Angleterre), celui grâce à qui vous êtes devenu un fan de la micro ; celui aussi qui a donné son nom à votre micro préféré : Amstrad veut dire, en anglais dans le texte, Alan Michael Sugar Trade Corporation. A 18 ans, il monte sa première entreprise : électronique et composants, Hi-Fi. L'ascension commence. Vingt ans plus tard, il est devenu le « Big Chief » de l'une des entreprises de micro-informatique les plus performantes, l'instigateur de plusieurs des jolis « coups » industriels de cette année 1985. Autodidacte, il frappe avant tout par son franc parler,- il n'a pas peur d'aller à rencontre des idées reçues et des habitudes bien ancrées - son pragmatisme concernant l'analyse du marché et enfin une audace qui en a « agacé » plus d'un ! Aujourd'hui, "Mister Sugar" est content. Avec une production de 600.000 micros rien que pour l'année 1985, il peut !
Amstrad Magazine l'a rencontré sur son stand au Sicob Boutique. Il a bien voulu nous expliquer sa politique de production. Amstrad a sorti le 464, qui a fait le "malheur" que l'on sait, puis le 664 au mois de mars dernier, le 6128 au début septembre et déjà vous annoncez que le PCW 8256 sera commercialisé au plus tard le 15 novembre. Pourquoi travaillez-vous si vite ? Cela n'est pas nouveau pour nous. C'était déjà notre façon de travailler lorsque nous produisions de la vidéo, du matériel TV. C'est notre "truc" à nous, travailler vite, très vite. Nous avons toujours procédé ainsi. Nous ne savons pas travailler autrement ! Mais ne pensez-vous pas que cela risque de poser des problèmes ? Dès que l'un de vos micros devient un des leaders du marché, le suivant arrive avec de nouvelles capacités complètement étonnantes, si en plus on considère son prix. Cela peut créer du tort à beaucoup de monde : à vous, aux revendeurs qui risquent de voir leurs stocks de machines (jugées "caduques" par le public) s'amonceler, au public enfin désorienté par ce choix inhabituel... Non, je ne crois vraiment pas. Mes micros ne visent pas le même public. Le 6128 peut continuer à se vendre parfaitement, ça n'empêchera pas du tout le PCW de faire un "tabac" si les gens l'apprécient. Et c'est la même chose si vous les comparez tous entre eux. Il n'y en a pas un qui nuise à un autre. Ils sont pourtant tous conçus suivant les mêmes bases : microprocesseur 8 bits : Z80, avec la volonté affirmée de n'être "que" des familiaux ou semi-pros. Ecoutez, moi je veux aussi satisfaire les gens. Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils veulent les gens ? Us demandent sans arrêt des technologies nouvelles. Ils veulent être toujours à la pointe, constamment étonnés par la technique. Et bien nous, on répond à leurs désirs : on les étonne ! Vous savez les industriels ont beaucoup d'amis dès qu'ils sortent des machines performantes. Mais si les capacités de ces machines baissent par rapport à la demande du marché, ou si l'engagement du public tombe, et bien leurs amis les oublient très vite. Il y a des gens avec qui on travaille régulièrement, qui sont prêts à tout pour vous tant qu'ils gagnent de l'argent et qui ne vous connaissent plus dès que le mouvement s'inverse. Ce que j'appelle "les relations de copinage" est très répandu dans le monde de la micro-informatique.
Mais justement, est-ce que vous ne risquez pas de vous attirer la grogne des distributeurs en lançant sans arrêt des nouvelles machines ? Non, je ne pense pas. J'en reviens à l'idée des amis : un revendeur est notre ami si nous faisons venir les clients dans son magasin. Or, pourquoi les clients viennent-ils dans son magasin ? Parce qu'il y présente le marché des micros et parce que celui-ci est "excitant". C'est nous qui créons aujourd'hui un marché attirant, donc il doit conserver avec nous de bonnes relations. C'est très important ces contacts avec les professionnels, malheureusement c'est aussi très compliqué parce qu'il n'y a que des alliances formelles. Est-ce qu'il n'est pas paradoxal de continuer aujourd'hui à sortir des micros 8 bits ? L'époque du 8 bits n'est-elle pas révolue ? Il faut bien que vous compreniez que pour moi, ce qui est important, ce n'est pas de fabriquer un micro avec un processeur Z 80, 6809, 6809E ou plus : 68000, 8068... Ça n'est pas mon problème ! Par contre, ce que je veux absolument, c'est être au cœur du "marché de masse". Je veux que nos micros puissent être les micros de tout le monde, de l'homme de la rue (l'expression anglaise exacte d'Alan Sugar était : the computers of the truck driver and his wife, autrement dit les micros du routier et de sa femme. NDLT). Les industriels ne gagnent pas d'argent aujourd'hui en construisant de "gros" microprocesseurs. Ils gagnent de l'argent parce qu'ils proposent des machines à prix peu élevés, rapides et avec des spécificités intéressantes. C'est exactement notre nouveau PCW 8256 ! Effectivement, le "marché de masse", comme vous l'appelez, est encore aujourd'hui tourné vers le 8 bits. Mais ne pensez-vous pas que les choses vont évoluer très rapidement et que d'ici un an , les 8 bits seront dépassés tout simplement à cause de leurs limites, même pour l'homme de la rue ? Non, vous m'avez mal compris. Est-ce que vous conduisez une voiture ? Oui. Bon, je suppose que vous ne connaissez pas le système de synchronisation des vitesses de cette voiture ? Non. Et bien alors... Pour les microordinateurs, c'est la même chose. Les gens ne savent pas s'ils achètent un micro 8 bits, 16 bits ou même 32 bits. Ce qu'ils veulent, c'est pouvoir bien jouer si c'est ce qu'ils souhaitent faire avec la machine, ou alors avoir un bon traitement de texte, pouvoir gérer convenablement leur entreprise, etc. Parlons justement des applications du futur pour vos machines. Quelle est votre nouveau créneau ? A qui lancez-vous le défi ? Au marché des machines à écrire. Regardez le PCW : il coûte 7.000 F. Soit que les codes de caractères sont compatibles "Epson", moins cher qu'une machine a écrire électronique. C'est une aubaine pour un chef d'entreprise : il fait travailler sa secrétaire vite et bien, et, en plus, il va pouvoir faire sa gestion, ses calculs, etc. S'il veut, le soir, il pourra même continuer à jouer avec ses enfants. Ça c'est le futur !
Quels types de logiciels vont tourner sur ce PCW, hormis le traitement de texte ? Vous savez que mes dernières machines travaillent également sous CP/M +. Alors, je ne me soucie pas trop : il y aura déjà tous les logiciels professionnels tournant sous CP/M : SUPER-CALC, DBASE, DBASE II , TURBO-PASCAL... Et d'une manière plus générale, en quel type de logiciels croyez-vous pour vos machines, comme pour l'ensemble de la micro-informatique ? Les jeux, c'est fini. Dans les années qui viennent, c'est sûr que ce marché va chuter et de beaucoup ! Les gens recherchent quelque chose de plus sérieux, de professionnel. Je me répète, mais je crois aujourd'hui énormément au traitement de texte, pour tout le monde, dans toutes les professions. Et le domaine de l'éducation ? Je n'y crois pas du tout et ne m'y intéresse pas, du moins tel que l'on s'en occupe en France, par exemple. Réussir à faire bouger une administration telle que votre ministère de l'Education, lancer un plan comme "Informatique pour tous" : tout cela est trop coûteux en temps et en argent. Pour ma politique du marketing, c'est vraiment une perte de temps. En plus, je suis très sceptique sur la façon dont l'informatique risque d'être présentée aux enfants dans les écoles. Au pire, ce qui risque d'arriver, c'est de les décourager à jamais ! Est-ce que vous comptez investir le marché américain ? Pour l'instant, non. Nous n'avons pas trop confiance dans ce marché que nous ne connaissons pas complètement, alors que nous savons tout du marché européen. Nous voulons y rester leader. Nous le sommes tout-à-fait dans le Royaume-Uni, nous le sommes beaucoup en RFA, puis en France. Quel est celui de vos micros que vous conseilleriez le plus à présent ? Tous ! Cela dit, j'aime beaucoup le 6128 : c'est peut-être celui qui est le plus en prise avec la demande actuelle : à la fois un très bon micro ludique et un vrai micro "pro". Quelle sera votre prochaine machine ? C'est secret ! Propos recueillis par Jean Kaminsky et Mireille Massonnet Photos Guy Nicoletta
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