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Les derniers PC 1512 livrés en décembre diffèrent sensiblement des machines examinées auparavant. La stratégie d'Amstrad se précise en arrière-plan d'une mise en route laborieuse de la fabrication en grande série.Amstrad a réussi au moins sur un point. Sa couverture presse est excellente, en termes de pagination. Le scepticisme estival des uns et des autres a cédé la place à l'enthousiasme, la déception, la crainte ou la critique. Une certitude : l'Amstrad PC laisse rarement indifférent. Sur ce plan. Alan Sugar, le P.-d.g. d'Amstrad, a rempli son contrat. En quelques années, en quelques mois même, que de chemin parcouru ! Automne 1984. Une société inconnue en France débarque avec un ordinateur qui va révolutionner le monde de l'informatique familiale. Le CPC 464 offre pour un prix sans concurrence un ensemble complet avec lecteur de cassettes intégré à l'unité centrale et moniteur, le tout alimenté par une seule prise de courant. Le succès est foudroyant. Amstrad, très réputé en Grande-Bretagne comme fabricant d'électronique bon marché, réussi sa diversification dans l'informatique, et prend en Europe la première place dans l'informatique familiale. Eté 1986. Alan Sugar annonce la sortie d'un Amstrad PC à un prix jamais vu, et prépare pour le 2 septembre une conférence de presse à grand spectacle à Londres. Un charter est affrété pour les journalistes français, la presse spécialisée, les grands quotidiens, les magazines. Tout est orchestré pour provoquer le maximum de retombées. La disponibilité est annoncée pour le mois de novembre. Les premières machines arrivent pour test, au compte-goutte, dans les rédactions. Ce n'est pas encore le PC définitif. Qu'importe, tous se jettent sur le déjà célèbre 1512. Les bancs d'essai confirment que l'on a affaire à une machine de présérie encore perfectible. Début décembre, les premières unités arrivent chez les particuliers. Sur le fil, Amstrad a gagné son pari, malgré des difficultés de mise en œuvre industrielle. La société SGS, qui fabrique les premiers cuscom design, rompt ses relations avec Amstrad, laquelle doit se tourner vers un autre constructeur. Puis un circuit intégré se révèle défaillant. Un nouveau fournisseur vient à la rescousse. Les premières livraisons arrivent en quantités significatives, mais elles restent largement insuffisantes face à l'importance de la demande. Chez tous les revendeurs, les clients intéressés ont dû s'inscrire sur des listes d'attente. De justesse, Amstrad parvient à résoudre ses problèmes d'industrialisation, pour assurer une première vague de livraisons avant Noël. Les responsables d'Amstrad France nous annonçaient 8 000 ventes réalisées au 9 décembre. D'autres observateurs avancent le score de 6 000 machines livrées à ce jour. Au moment de la conférence de presse, le PC « industriel » n'existait pas encore. Pourquoi avoir pris le risque d'annoncer sa sortie avec fracas ? Pour des impératifs de « marketing ». La gamme Amstrad, CPC et PCW, au sommet de sa gloire, risquait de péricliter très rapidement, face à une concurrence de plus en plus agressive sur les deux fronts du familial et du professionnel, avec l'apparition de clones à des prix proches de ceux des Amstrad 8 bits. SANCTION Alan Sugar pressent le péril et contre-attaque. Premier objectif : positionner une machine le plus vite possible sur un marché porteur. Le PC est le choix idéal. Second objectif : réaliser des ventes très importantes en s'ouvrant de nouveaux marchés tout en gagnant des points sur les concurrents présents sur le créneau traditionnel du PC. Noël est un rendez-vous à ne pas manquer pour le marché domestique. Mais Amstrad n'est pas en mesure de fabriquer suffisamment de machines pour cette date. Il s'agit donc de convaincre les acheteurs de différer leur achat, pour ne pas les laisser s'évader vers d'autres marques. Si le matériel arrive en nombre assez rapidement, le pari est gagné. S'il tarde trop, la marque perd sa crédibilité. Sinclair l'a cruellement appris avec son QL, maintes fois -annoncé, mais dont la mise au point définitive reculait de mois en mois. Aujourd'hui, l'Amstrad PC 1512 est là, il est en train de s'imposer dans le paysage micro-informatique. Ses premières ventes laissent loin derrière la plupart de ses concurrents, son succès pour les premières semaines s'apparente à un plébiscite. Dans quelques mois viendra la véritable sanction du public et des entreprises. Un franc succès ferait grincer quelques dents chez les fabricants de compatibles. Vraiment, le PC 1512 ne laisse pas indifférènt. LE MEILLEUR DE DEUX MONDES Selon François Quentin, directeur du marketing d'Amstrad France, le PC 1512 conjugue le meilleur du monde des compatibles PC avec le meilleur du monde Amstrad*. « Le PC 1512 est produit et vendu normalement. Nous avons déjà vendu 8 000 machines, 8 000 nouvelles seront livrées courant décembre, autant en janvier et 14 000 en février. Fin février, le parc installé en France s'élèvera donc à 38 000 unités. Nous continuons par ailleurs à vendre très bien les autres modèles de la gamme, CPC et PCW, puisque dans la seule première semaine de décembre, nos ventes totales s'élèvent à 22 400 pièces. » « Certains bruits ont couru, chez nos concurrents et dans la presse. Je ne veux pas polémiquer. Je réaffirme que le PC 1512 est d'une excellente compatibilité, de l'ordre de 97 %, et ne craint pas la comparaison avec des machines comme celles proposées par Victor ou Olivetti. Le PC 1512 est plus compatible qu'un IBM AT face à un IBM PC. Si certains logiciels de jeu ne tournent pas sur l'Amstrad, tant pis. Ces mêmes titres ne tournent pas non plus sur certaines séries de l'IBM PC. De toute façon, nous allons bientôt voir arriver des jeux utilisant les capacités graphiques du PC 1512. Ils seront beaucoup plus beaux, avec leur seize couleurs, que les jeux existants actuellement pour PC. Et si quelques logiciels marginaux ne fonctionnent pas, cela est bien peu de chose face aux qualités de l'Amstrad. » « Grâce à Gem et à la souris, il offre une grande facilité d'utilisation. C'est vraiment très imponant. Et tous les grands logiciels fonctionnent parfaitement. C'est vrai, notre carte couleur n'est ni EGA ni une véritable CGA. Et alors ? Certains logiciels tournent sur le PC 1512, et pas sur les autres compatibles. Cela ne signifie nullement qu'il n'est pas compatible. Notre volonté est d'offrir le meilleur de deux mondes, le monde des compatibles PC et le monde Amstrad. Le PC 1512 possédera un plus grand nombre de logiciels que l'IBM PC. » « La fiabilité est excellente. Des rumeurs ont mis en doute la qualité des composants. Elles n'ont aucun fondement. D'ailleurs, nous achetons les composants aux mêmes endroits que la plupart des fabricants de compatibles. Certains disent que cette fiabilité reste à prouver. Evidemment, puisque la machine est nouvelle. C'est exactement la même chose pour tout nouveau modèle, quel qu'il soit. Nous avons déjà prouvé la fiabilité du PCW, ainsi que la qualité de sa distribution. Je vous donne rendez-vous fin février. Nous verrons bien ce que pensent alors les 38 000 utilisateurs. » * Entretien réalisé le 9 décembre 1986. PATRICE DESMEDT , L'Ordinateur Individuel n°87 (1986-12)
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