GAMES ★ INTERVIEW ★ ALAIN MASSOUMIPOUR ★

Alain Massoumipour (Poum)Poum (Alain Massoumipour) (Another World fanzine)
Amstrad 100%. Ce magazine, toujours imité mais jamais égalé, a divinement joué son rôle en nous donnant presque à tous la passion du CPC. Parmi les rédacteurs, un petit chauve sévissait sous le pseudo de Poum. Rencontre avec le chouchou de la rédaction.

1/ Bonjour Poum, quelles sont tes impressions après t'être rendu au Croco Chanel en novembre?

Ma première impression par rapport au Croco Chanel c'était «Ô purée que c'est loin». En effet, on avait malgré des explications plus que sommaires trouvé le moyen de se paumer au fin fond de l'Ardèche (c'était en Ardèche non?). Le retour étant plus direct mais aussi long. La seconde impression était celle du gus qui se pointe quand les convives sont à table. Tu te sens comme le cheveu dans la soupe. Trois petits pas à droite, trois petits pas à gauche, un petit coucou de loin et avant que ça se transforme en pas de danse tu cours te réfugier dans le premier troquet (à plusieurs Km) pour t'enfiler un verre en te demandant si t'as bien fait de venir. ;-)
Ma troisième impression était que la dame du café était très sympa et que les enfants étaient joliment déguisés en sorcière (normal c'était la veille d'Halloween).
Ma quatrième impression (là mon verre commençait à me monter à fa tête) était... Grrrr, il faut retrouver le meeting. Va-ton y arriver?». C'est vraiment une question existentielle qu'il ne faut pas prendre à la légère surtout quand, perdu au fin fond de la Piccardie (en Piccardie peut-être) tu as un doute quant aux intentions des autochtones. Ma dernière impression qui reste aux limites de mon conscient était: «Ouf, ils ont fini de manger et sont au travail».

2/ Pourquoi avoir arrêté le CPC, quand (en même temps qu'A100%?), et pourquoi?

A propos de A100%. Vous savez les gars que vous êtes les seuls (hormis les rédacteurs du canard) qui écrivaient A100%. Je vous raconte l'histoire. Le premier numéro, le 1 (le fameux qui était ultra moche) était prévu d'être un canard dédié à 100% aux ordinateurs Amstrad. D'où le titre Amstrad 100% (car MSE avait le droit d'utiliser ce nom). Au numéro 2 ou 3 (ma mémoire me fait défaut), un certain Septh (et non Sept ou encore moins Seth) remarque que 100% avait les mêmes initiales que CPC. Ainsi, le canard devint Amstrad Cent Pour Cent (je suis sûr que trois siècles après sa mort il y en a qui n'avaient pas remarqué cette subtilité qui offrit à Septh sa première reconnaissance de la part du p'tit chef de l'époque qui s'est ensuite avéré être un âne fini). Cette mise au point faite, je dis Faute. Je n'ai pas arrêté le CPC en même temps que ACPC. En effet, j'ai quitté la rédac (en négociant mon départ avec un des rares êtres sensés de la boîte, le vrai big-boss AK). Cela parce que (je dis bien «cela parce que» car vous allez me demander pourquoi) la chef de fab' qui était également une «ânesse même pas terminée» n'avait trouvé comme seul amusement que de faire l'empêcheur du monde de tourner en rond. Bref, j'ai pris mes clics et mes clacs et suis parti vers de nouvelles aventures En l'occurrence avec la ferme intention de développer le meilleur et le plus beau jeu d'aventure pour CPC. Ceci étant, je l'ai jamais fini car Lolo et Sined qui devaient m'aider m'ont planté (sûrement à cause d'une histoire de guibolles en jupe). Après il fallait manger et payer un loyer donc il faillait travailler. J'ai repris Start Micro Magazine, un canard Atari qui j'avoue ne m'a pas fait beaucoup de bien. Bref, le ST on s'en fout.

3/ Quand et comment as-tu découvert que la scène CPC était toujours en activité? Comptes-tu t'y remettre?

Depuis que je me suis penché sur le web. Comme d'habitude, quand tu te penches trop, tu tombes dedans. Un site par là, un autre par ci et puis j'ai crée le mien où je parlais de CPC et là je me suis écrié... Miracle. Plein de gus m'envoyaient des mails. Et là je me suis dit: Dieu existe et il y a une vie après la mort. Juré j'irai à l'église la semaine prochaine.
S'y remettre c'est une autre histoire. L'autre jour je roulais tranquille sur le périf et devant moi, croyez-le ou pas, il y avait une Honda Civic grise. Si, si, c'est vrai. Pour les nouveautés, je compte bien sur vous pour me dire si un jour un zozo réussit à afficher une image en millions de couleurs. J'oubliais, la Civic. Son numéro était un truc dans le genre 1245 RD 92. Je me suis posé dès fors la question. RD, RD? Rotation à droite? Décalage droite? Bref, impossible de m'en souvenir. Comme quoi, c'est pas comme le vélo.

4/ Es-tu resté en contact avec des membres de l'équipe d'A100%? Que sont-ils tous devenus?

Oui, peu mais oui. Entre autres Septh. La preuve, ce soir on va voir le spectacle de Kavanah au Bataclan. Sined est dans une boîte où il joue les ingénieurs, Lipfy est au Canada chez Microïds, Septh chef de rubrique jeu pour le mag Micro Hebdo, Pierre Valls fait toujours des mangas. L'inspecteur je ne sais pas, Lascap faudrait pas qu'il croise le chemin de Sined, Jo n'a jamais fait partie des rédacteurs et la Miss (car je sais que vous allez devoir poser des questions sur la Miss), je vous en dirai plus un peu plus loin. En attendant, ne zappez pas, nous revenons après une petite pause.

5/ Connais-tu des CPCistes ou ex-CPCistes dans le milieu journalistique?

La réponse à cette question est relativement difficile. En effet, il n'est pas évident de trouver une belle phrase qui pourrait à elle seule résumer le fond de mes pensées concernant cette question très forte qui n'a de sens que pour ceux qui ont eu un jour ou l'autre un CPC entre les mains. En somme je me demande comment faire long pour dire «Non»,

6/ En quoi consistait exactement ton rôle de rédacteur en chef à l'époque d'A100% ?

Très bonne question. La tâche la plus difficile consistait à faire le tri entre les attachées de presse. Il fallait noter sur un petit cahier rouge, le numéro de téléphone de celles qui étaient jolies, disponibles et pas trop nazes sur les bord afin de ne pas oubfier de les inviter à déjeuner, dîner et plus si possible, Les autres, je leur fixais un RDV avec le premier des rédacteurs qui rendait son papier en retard. Sinon, il fallait faire le tri dans les softs qui arrivaient, les dispatcher vers les rédacteurs, préparer le chemin de fer pour faire entrer tout ça dans 120 pages, puis 100, 84 et enfin 64. Une fois en place, il y avait le suivi de la maquette. Cette dure période précédait les trois semaines à venir en attendant le prochain numéro.

7/ Un article a été publié dans le fanzine Amstrad Love révélant que Miss X était une rédactrice inventée de toute pièce. Y'avait-il d'autres rédacteurs imaginaires?

Ahhhh, la belle Miss X. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais Miss X est tombée enceinte en même temps que la naissance d'un autre canard, Player One (pour les consoles), Ca ne vous met rien à l'oreille ? Des imaginaires il n'y avait que cela. Vous pensez que Poum est réel. Et Septh, c'est pas sa mère qui l'a appelée comme ça. Et Sined le Barbare. Franchement, vous croyez qu'avec un nom pareil il aurait pu quitter sa caserne ? Bien sûr que tout était inventé mais il est vrai qu'une personne se cachait souvent derrière une autre signature. Exemple type Septh, il faisait également Poke (quand Robby était a l'armé) ou Franck. Moi j'ai tenté Zede mais à cause d'une chef de fab' qui s'était planté trois fois de suite dans la mise en place du listing j'ai préféré le tuer avant qu'il ne se fasse insulter par les lecteurs. Je répond à votre question?

8/ Est-ce que les éditeurs prenaient en considération les tests publiés dans vos pages?
Est-il arrivé que ceux-ci se plaignent d'une mauvaise note attribuée à un de leurs logiciels?

Ô que oui. Si un jeu était mauvais et se faisait casser, ils le prenaient avec un petit sourire malicieux genre «mouais mais t'aurais pu être moins salaud». Sinon, quand la note était bonne, il en usaient à tire larigot. Sinon, je ne pense pas qu'un bon jeu se soit fait descendre dans ACPC. Si une seule fois. Chris qui joua à un jeu d'aventure en mode 1 mais avec genre deux couleur à l'écran, trop dur pour lui et ne passant pas assez les niveaux et le descendit en flèche. Or il se trouve que ce dernier était vraiment un bon jeu mais qu'il n'en mettait pas plein la vue aux premiers écrans. Je ne me souviens pas du titre si ce n'est qu'il y avait sur le premier tableau des squelettes qui pendouillent au bout d'une corde.

9/ La publicité avait-elle une quelconque influence sur la note finale d'un logiciel?

Que dalle. On était libres Nous.

10/ Comment se passait le recrutement des rédacteurs? Un minimum de connaissances sur le CPC était-il recquis? (ex: Lascap incapable de reconnaître les modes graphiques du CPC:)

Il n'y avait pas de recrutement comme on l'entend. Le dernier en date pour exemple. Du moins, le dernier dont je me souvienne c'est le cas du petit Ludo. Il passait par là pour faire un stage pour son école et va savoir pourquoi, je l'ai pris en sympathie. Je l'ai forcé à écrire, lui ai appris à écrire et qui plus est, passé mes nuits à corriger ses Fôtes. Bref, c'était le plus destiné à faire carrière mais il était rentré. Idem pour Totov. Sinon, Lascap je ne sais pas, il n'était pas permanent à la rédac. C'était à l'époque, un pote à Sined.

11/ Arrivait-il aux rédacteurs d'avoir recours aux lecteurs, démomakers, ou programmeurs professionnels pour rédiger leurs articles de programmation?

Whaooo, J'en peux plus là. Il reste beaucoup de questions? Tu disais donc? Ah, des démomakers. Tu insultes la bande à Logon? N'empêche, il y a des ex-logon qui méritent pas d'exister. Entre autres JP dit (je me rappelle plus de son surnom mais c'était un groupe de hard) crache aujourd'hui dans la soupe depuis que monsieur est passé rédac'chef adjoint de PC Jeux. Pfff, ingrat va!

12/ Et sais-tu si des programmeurs de jeux lisaient vos cours d'assembleur?

Oui, je me souviens entre autres d'une d'interview chez Loriciel où le développeur local nous racontait qu'il lisait avec une grande joie tous les ACPC (désolé mais je ne me souviens pas non plus de son nom et encore moins de son jeu et j'ai la flemme de parcourir le CD de Roudoudou pour retrouver cet article).

13/ Etait-il difficile d'obtenir les secrets des Logon System dans vos pages? Et pourquoi, suite a leur succès, n'avez-vous pas engagé d'autres groupes de demomakers?

Les secrets des Logon? Tu parles, au bout d'une bière ils te racontaient tout, même les techniques auxquelles ils n'avaient pas encore pensé. Sinon les Logon étaient au début un Logon qui comme les lapins se sont multipliés par centaines. Je me demande toujours comment les Logon faisaient f'amour ensemble!

14/ Quelles étaient les relations entre les différents magazines dédiés au CPC à l'époque?

Mauvaise car on était assez cons (ou jeunes comme dirait mon père) pour ça. Je dis ça car le rédac'chef de AmMag est devenu un pote. Soit dit en passant c'est lui qui est en charge de Microïds au Canada.

15/ Etre rédacteur dans le magazine le plus populaire de l'époque a-t-il compté pour entrer en contact avec des éditeurs pour tes logiciels?

Tu sais que j'en ai marre de mettre tous les accents dans ce texte!
Pour les éditeurs? Bien sûr que oui. Tu penses bien, j'étais allé voir Loriciel (avant ACPC). J'avais un jeu genre L'île mais en moins beau (Evasion à télécharger pas loin de mon CV). Idem pour ERE Informatique. Et bien? Rien. Après ACPC chez UBI (car je ne voulais plus entendre parler des deux autres boîtes). Tapis rouge, chèque d'avance, la totale. Bien sûr que ça aide d'être connu. Non sans déconner, tu laisserais dormir dehors une clocharde quelconque? Et Ornella Mutti (je dis Ornella Mutti car pour moi c'était une des plus belle femme au monde)?

16/ Comment arrivais-tu a concilier la conception de tes logiciels et ton travail de rédacteur?

C'était le jour et la nuit.

17/ Avec toutes les démos que tu as pu voir, tu n'as jamais eu envie d'en coder une?

C'était trop fort pour moi. Sinon, si. J'avais piqué une idée d'une démo Amiga pour faire évoluer une balle à l'écran (genre serpent qui s'allonge tout en mouvement). Ce listing était dans ACPC. Ceci étant, ma seul participation était en Allemagne pour une démo des Logon. J'en ai fait la musique. Même si la démo est quelconque c'était ma seule apparition dans une démo.

18/ Existe-t-il des productions que tu n'as jamais diffusé?

Oui. Evasion mais d'autres s'en sont chargé. Ortho mais heureusement que personne ne l'a vu. ;-) Sinon, les graphismes animés de Trilogie (mon fameux jeu le meilleur du monde). Mais j'ai tout perdu. Alors si quelqu'un a eu un jour l'occasion je ne sais pas comment de mettre la main dessus, je suis preneur.


Evasion, ou vive les crackers

19/ Composes-tu toujours?

Je sais pas. C'est une question de... ch'ais pas, genre une étincelle, un truc qui te passe dans la tête. La dernière fois c'était pour écrire la musique de mon dernier jeu (qui n'est toujours pas fini) Magnéto. En somme, c'est la version PC de Croco Magnéto.

20/ Qu'est-ce qui restera comme ton meilleur souvenir de l'époque du CPC?

Il y en a plein. Les mercredi (journée de lecteurs), le Melini (un vin pourri chez la pizzeria du coin où l'on passait nos soirées jusqu'à plus soif), les copains, une soirée avec presque tout le monde où on a regardé Dady Momie et on se pissait dessus (de rire j'entends) et le jour où j'ai touché mon chèque d'UBI Soft pour Equinoxe.

21/ Ton avis sur l'informatique actuelle?

Commerciale à faire peur. C'est chiant à mourir. Il faudrait trouver autre chose que la 3D. On en a assez soupe je pense. Sinon, le WEB c'est bien Ca a un petit côté CPC où tu peux encore bidouiller mais pour combien de temps encore?

22/ Est-ce que les fanzines doivent se regrouper pour l'élaboration d'un seul et unique magazine CPC?

Sûrement pas. Plus il y en a, mieux c'est. If faudrait en revanche qu'ils se renvoient l'ascenseur à la moindre occasion. La rivalité est bonne dans un cadre commercial. Pour une bonne cause il faut s'unir (je me contredis là non?). Enfin, tes lecteurs comprendront. T'as remarqué qu'au début je te vouvoyais et maintenant je me sens plus alaise?

23/ On peut maintenant brancher sur un CPC des disques-durs, soundblasters. cd-rom, extensions RAM 2 Mo, etc.. Quel est ton sentiment?

Comme je le disais lors du Meeting. Saurait été bien si tout cela était arrivé plus tôt. Quoi qu'il arrive, même ultra boostés les CPC n'auraient pu rivaliser avec les machines actuelles,

24/ Les constructeurs (et programmeurs) de l'époque sont passés à coté de beaucoup de choses...

A cause des constructeurs, disons-le, le constructeur Amstrad, les programmeurs sont passés à côté. Normal, if fallait tout deviner si ce n'est tout réinventer. Alors à mon avis ce n'est pas de la faute des développeurs mais de Monsieur Suggar que je salue bien bas au passage à niveau.

25/ Pour finir, tu as quartier libre...

Non? C'est vrai? C'est sûr tu n'as plus de questions. Car tu sais, je commençais à me sentir... à me sentir. . comment dire., un peu mort.

26/ Merci, et à bientôt!

Ok, à la prochaine et par pitié, n'oublie pas la prochaine fois de mettre les accents sur les lettres car sinon on pourrait croire que tu fais un fanzine.

Propos recceuillis par Hicks et Tom's , Another World n°22

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L'Amstrad CPC est une machine 8 bits à base d'un Z80 à 4MHz. Le premier de la gamme fut le CPC 464 en 1984, équipé d'un lecteur de cassettes intégré il se plaçait en concurrent  du Commodore C64 beaucoup plus compliqué à utiliser et plus cher. Ce fut un réel succès et sorti cette même années le CPC 664 équipé d'un lecteur de disquettes trois pouces intégré. Sa vie fut de courte durée puisqu'en 1985 il fut remplacé par le CPC 6128 qui était plus compact, plus soigné et surtout qui avait 128Ko de RAM au lieu de 64Ko.