★ LITTÉRATURE ★ MINITEL STORY LES DESSOUS D'UN SUCCÈS...|Micro-Systemes) ★ |
Minitel Story Les dessous d'un succès... |
Donner un minitel à tous les abonnés au téléphone, tel était le désir de Gérard Théry, le fougueux directeur général des Télécoms de 1974 à 1981. Mais ce polytechnicien avait compté sans les partisans de Gutenberg, et singulièrement les syndicats et les patrons de journaux, responsables du fait qu'il n'y ait aujourd'hui que quelque 4 millions de minitels au lieu des 15 millions prévus. C'est pourtant cette initiative qui a permis de « faire de Té-létel le premier réseau à valeurs ajoutées du monde ». C'est à G. Théry que l'on doit encore, en 1974, « le grand chambardement » qui ébranla la DGT (Direction générale des Télécoms) et le CNET (Centre national d'études des Télécoms), provoqua la plus longue grève des PTT, mais entraîna aussi une nouvelle stratégie qui permit d 'équiper décemment en lignes téléphoniques la France, jusque-là sous-développée dans ce domaine.Michel Abadie, journaliste à Sud-Ouest et VSD, retrace l'histoire de ce petit terminal devenu aujourd'hui indispensable à la plupart des Français, en s'appuyant sur les nombreux témoignages de ses acteurs, tant techniciens que politiciens : ministres, directeurs, ingénieurs... qui se sont succédés pour présider à sa destinée, depuis la naissance de l'idée jusqu'au foisonnement des utilisations, services et autres messageries. Au départ, il s'agissait de remplacer l'annuaire papier par un petit terminal télématique inspiré du système anglais Prestel, tout en évitant les erreurs responsables du demi-échec de ce dernier. Les premières tentatives ont pour noms Tic-Tac, Antiope, Titan... avant d'aboutir, à Vé-lizy, à la première expérience de télétexte interactif en vraie grandeur, qui démarra officiellement en 1981 sous l'appellation de « Télétel ». Le nom de « minitel » à, lui aussi, son histoire non dénuée d'intérêt, étant donné son importance pour la bonne insertion du terminal parmi le grand public. L'annuaire électronique, « la septième merveille du monde informatique », est inauguré le 4 février 1983 et ouvert dans sa totalité le 7 mai 1985. A sa suite, de nombreux services voient le jour, notamment le « kiosque », système de rétribution réservé à la presse, dont les pionniers sont le Parisien Libéré, la Dépêche du Midi, Sud-Ouest et le Provençal. D'autres suivront rapidement. Quant à la messagerie directe, offrant la possibilité à plusieurs personnes de dialoguer en même temps sur l'écran d'un minitel, elle voit le jour à Strasbourg sous le nom de « Gretel ». Des « bidouilleurs » trouveront moyen d'utiliser ce service mis en place par une association de quartier, pour s'échanger entre eux des messages en direct. Dès lors, le foisonnement de messageries ne connaîtra plus de trêve. Tout le monde veut installer une messagerie sur son serveur. Chacun réclame son minitel pour y dialoguer ou pour rencontrer l'âme sœur. Les Télécoms sont débordées par la demande. Cette croissance prodigieuse aboutira, rançon du succès, à la catastrophe du 28 juin 1985 (le « vendredi noir de le télématique »), maladie infantile du minitel, encore présente à la mémoire de tous les minitélistes. « Mais qu'est-ce qui peut donc attirer les gens sur les messageries télématiques ? » L'auteur s'interroge sur ce nouveau phénomène de société où, sous le masque obligatoire de la « clef » d'accès, peuvent s'exprimer tous les fantasmes et s'instaurer des « jeux de rôles ». Et en corollaire, une débauche publicitaire pour le 36 15 et son « porno business ». Le livre de Michel Abadie, véritable roman très bien documenté, nous familiarise non seulement avec la poignée d'ingénieurs qui ont « fait » le minitel, mais aussi avec les promoteurs des principaux serveurs et les services les plus originaux. Les questions juridiques ne sont pas oubliées. Enfin, l'auteur nous laisse entrevoir l'avenir, avec le minitel de deuxième génération, qui utilisera le RNIS avec voix et images de qualité. En annexe, une « chronologie télématique » très détaillée retrace les événements clefs de l'histoire du minitel.
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