Je me souviens de l'époque bénie où, alors jeune rédacteur plein d'espoir, je m'en allais traîner dans les salles d'arcades pour y dépenser mon énergie et mon salaire, rêvant déjà au jour bienfaiteur où je pourrais moi aussi bénéficier d'un jeu aussi exaltant sur ma machine de prédilection.
Je me dirigeais d'un pas décidé vers Out Run. En homme de métier, je glissais une pièce dans la fente prévue à cet effet, savourant déjà les moments de joie qu'allait me donner la conduite sportive d'un véhicule rapide, et ce dans les décors les plus « West Coast » que l'arcade ait jamais offert. Puisque j'avais la chance de fréquenter une salle bien équipée, je me carrais voluptueusement dans le siège de pilotage. Ensuite, ayant réglé le poste de radio de mon véhicule sur la station FM de mon choix, je démarrais sur les chapeaux de roue, histoire d'impressionner la blonde que les dieux de la vidéo avaient eu la bonté de mettre à mes côtés, là, sur l'écran de jeu. Maintenant, je suis devant mon CPC. La tête encore pleine des souvenirs passés, je regarde tristement mon écran. Certes, il est indéniable que les dessins sont bien réalisés, assez fidèles à la version originale et il est non moins vrai que cette version CPC est bien meilleur que celle dédiée au Commodore : sur cette dernière en effet, la blonde craquante a été remplacé par une brune, fort agréable ma foi mais tout de même. Pour commercer, la Ferrari Testarossa est muette et si ce n'était le nuage de fumée produit par la gomme, quand elle mord cruellement l'asphalte, en dépit de l'immobilité des roues, on se demanderait si le niveau sonore du CPC est bien au maximum. De plus, pas de radio. Heureusement qu'une cassette reprenant la bande son originale du jeu d'arcade contenu dans l'emballage permet de retrouver un peu de l'ambiance du «vrai» Out Run. 
Autre point positif : dès que le moteur arrache l'engin à la route, on le voit se cabrer comme un jeune mustang. Me voici maintenant à la confortable vitesse de 293 Km/h. Seuls les véhicules qu'il m'arrive de doubler témoignent bien de ma vitesse. Tiens, j'ai quitté la route, je roule maintenant dans l'herbe verte et le logiciel n'a pas l'air de trouver cela très choquant. Allez, un coup de volant ou plutôt de joystick (que j'ai préféré à la conduite au clavier) me remet dans le droit chemin. Oups ! alors que je traversais la ville, un groupe d'habitations s'est jeté sous mes roues avant que je n'ai pu l'éviter (ce n'est pourtant pas le temps qui me manquait !). La voiture c'est bêtement arrêtée sur cet obstacle, comme ça, sans autre incident compris : la Ferrari Testarossa est un char Renaud habilement déguisé. Cyrille Baron , AMMAG n°31 |