De Montmartre à Clichy entre hold-up et bavures , parviendrez-vous à être le plus pourri des ripoux ?
Ce logiciel connaîtra-t-il le succès du film de Claude Zidi dont il est l'adaptation sur micro-ordinateur ? Toujours est-il que ses concepteurs n'ont pas lésiné sur les moyens pour coller au scénario, original. Dans la peau d'un policier véreux dont l'unique ambition est de racketer de minables truands locaux afin de réunir la somme nécessaire à l'achat d'un bar-PMU, vous évoluez dans un univers couvrant un quartier entier de Paris. Chaque rue est représentée sur un plan d'ensemble dont un fragment seulement apparaît dans une fenêtre, ce qui ne facilite pas toujours l'orientation du pixel qui vous symbolise. Mais l'étendue du jeu n'est pas son seul atout ; l'action s'inscrit également dans la durée. Le moyen de locomotion utilisé - marche à pied, métro ou voiture de police avec ou sans gyrophare - détermine la durée d'une journée, qui débute toujours au commissariat par la lecture d'un ordre de mission comportant principalement des tâches de surveillance, et quelquefois des arrestations. Ce qui donne à cette aventure tout son piquant et son intérêt, c'est l'ambiguïté du personnage incarné par le joueur. Pris en tenaille entre la nécessité d'une obéissance minimale à ses supérieurs, sanctionnée par une note administrative, et la volonté de détourner la force publique pour son profit personnel, il se livre en permanence à un double jeu. Maintenir sur le petit monde des truands une pression suffisante pour empocher des sains, tout en évitant de trop nombreuses bavures, est un équilibre difficile à trouver et les joueurs trop gourmands risquent fort de se faire cuisiner par les "Bœufs-carottes" (la police des police). Chaque rencontre avec l'un des malfrats peuplant le jeu, dont les visages apparaissent dans un médaillon , est l'occasion d'un dialogue parfois enrichissant, au sens propre du terme. Dès que la conversation s'engage, des bribes de phrases, que l'on peut faire défiler en actionnant la manette latéralement, s'affichent dans des bulles empruntées aux bandes dessinées. Il s'agit de les valider dans un ordre tel qu'elles forment avec les réponses, affichées au fur et à mesure, un dialogue cohérent, dont l'aboutissement est signalé par un bip a sonore. L'interlocuteur est alors mûr pour négocier, mais mieux vaut ne pas faire preuve d'exigences immodérées lors du choix de la somme demandée. Ces petites magouilles assurent une rente hebdomadaire propre à arrondir les fins de mois. Il faut parfois cogner un peu pour se faire comprendre, au point que certains « clients » préfèrent prendre la fuite, comme cela se produit fréquemment lors d'une arrestation. Une course folle s'engage alors, symbolisée par la poursuite de deux pixels lumineux sur le plan général. Votre vitesse de déplacement vous donne un léger avantage sur votre adversaire, mais il faut impérativement le rattraper avant qu'il ne franchisse les limites du quartier. Une hésitation dans la direction à suivre et voilà le bandit qui s'échappe ! Le même scénario se reproduit lorsqu'un message radio signale une agression ou un hold-up dans une des six banques du quartier : il faut se rendre au plus vite sur les lieux ù ce qui est difficile sans une connaissance parfaite des très nombreuses rues pour coffrer le pixel fuyard et éventuellement empocher le butin (qu'il est ensuite nécessaire de refourguer à un receleur). La richesse du jeu est absolument extraordinaire et il serait vain de dresser ici une liste exhaustive de tous les événements, de toutes les situations possibles. Vous pouvez, par exemple, tenter de faire fructifier vos gains en jouant au bonneteau ou au PMU ! Les graphismes sont peu nombreux mais d'excellente qualité, et l'aventure est si prenante qu'elle fait oublier leur rareté. Sur le CPC 6128, la manipulation des commandes est facilitée par leur regroupement dans des menus jusque dans la notice, présentée sous la forme d'une parodie des journaux qui inondent gratuitement nos boîtes aux lettes. (Disquette ou cassette Cobra Soft pour Amstrad CPC 464, 664 et 6128 ) Jean-Philippe Delalandre , TILT n°49 dec87 |