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Infogrames : Le Jeu, très Sérieusement | Games Editeurs |
Première société de logiciels grand public en Europe, Infogrames n'a aucun complexe. Le chiffre d'affaires double chaque année, la diversification est d'actualité. Le logiciel ludique n'est plus une affaire d'amateurs.1983. Deux copains créent une société avec le minimum requis pour la constitution d'une SARL. 1986. Début novembre, Infogrames devient une SA au capital de 1 million de francs. Son effectif vient de passer le cap de la centaine. Le chiffre d'affaires cumulé prévu pour 1986 est de l'ordre de 100 millions de francs. Un bon doublement par rapport à 1985, avec un bénéfice d'environ 8 millions. Cette expansion à l'américaine est née, entre Saône et Rhône, avant que des bureaux ne soient implantés à Paris et à Londres. Bruno Bonnell et Christophe Sapet ont tous les deux vingt-neuf ans. Ils se sont connus en math'sup', ont passé ensemble leur diplôme d'ingénieur chimiste. Ils débutent chez Thomson et Hewlett Packard et fondent rapidement Infogrames. « Nous voulions créer une entreprise dans un secteur qui nous plaise, et qui soit essentiellement celui des nouvelles techniques et communications », explique Christophe Sapet, « avec en ce qui me concerne une préoccupation plutôt technique, Bruno étant plus orienté vers la recherche des idées, le goût de communiquer. » Ces deux hommes, très différents, se complètent parfaitement. LA QUALITé Dès le début, l'option ludique est choisie. « Nous nous intéressons beaucoup à tout ce qui est BD, nouvelle culture. Le logiciel professionnel avait un côté austère qui ne nous enthousiasmait pas trop. » Le développement rapide de la société a obligé ses deux dirigeants à mettre en place une équipe de direction solide, pour déléguer au maximum. Ce qui permet à Bruno Bonnell, incorrigible, de continuer à lancer idée sur idée, à écrire des scénarios de jeux. La conception des Passagers du vent, adaptée de la BD, c'est lui. Aujourd'hui, Infogrames a dépassé le domaine du jeu pur. Pour amortir les pointes saisonnières, très sensibles sur ce marché, pour acquérir une taille assurant une certaine solidité. Jusqu'à présent, l'autofinancement a été la principale source de l'investissement. Mais pour passer à la vitesse supérieure, Infogrames vient de faire appel à des sociétés de capital-risque. Une forme de consécration. Le tassement actuel des ventes de logiciels familiaux ne touche pas trop Infogrames. La télématique est en forte progression, tout comme l'export et la distribution, avec la société filiale Cadre. « Une distribution intégrée et puissante est vitale. Sinon, on se trouve à la merci de distributeurs extérieurs. » L'export en Europe et aux Etats-Unis est l'objectif numéro un d'Infogrames pour 1987. « Nous ne voulons sortir qu'une quinzaine de produits dans l'année, mais tous de très haut niveau. Les coûts de dévelop pement sont devenus tek qu'il faut absolument réaliser de gros chiffres de ventes dans un marché européen ou mondial. » Bruno Bonnell et Christophe Sapet n'ont pas de complexes. Leurs titres sont tous au top cinquante anglais. Ce sont pounant des jeux d'aventures, alors que les Anglais préfèrent les jeux d'action. Et par la taille, leur entreprise est la première européenne, voire mondiale, en concurrence avec Activision et Electronic Arts. En fait, leurs homologues étrangers préfèrent utiliser des collaborations extérieures. Infogrames, au contraire, possède une équipe solide de développeurs. « Nous croyons que l'émulation est suffisante pour motiver les créateurs. Et cette intégration nous donne une grande force. Nous développons de plus en plus en langage C, ce qui donne une excellente portabilité. » Cette équipe peut se lancer dans des développements lourds. Les Passagers du venc, qui viennent tout juste d'être lancés, ont demandé une bonne année de travail. Les ventes espérées sont ambitieuses, une centaine de milliers d'exemplaires. La plus grosse vente jamais réalisée en France pour un logiciel. Un pari qu'Infogrames est bien capable de gagner ! Histoire de préparer l'entrée en Bourse à l'horizon 88. PATRICE DESMEDT , L'Ordinateur Individuel n°87 (1986-12)
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