SONGE D'UNE NUIT DE JANVIERDocteur, j'ai fait un étrange rêve cette nuit, les images étaient d'un réalisme surprenant. Malheureusement, je ne me rappelle pas tout ce qui s'est passé. Je me souviens tout d'abord d'un prêtre qui me parlait d'un missel. Par la suite, après un court passage à la gare, je me retrouvais dans une vieille micheline en direction de je ne sais plus quelle ville. Quelques heures plus tard, une demeure imposante remplaçait cette machine ; drôle de demeure d'ailleurs, la grille n'était pas fermée et pourtant elle n'avait pas l'air habitée. Je réussissais à pénétrer dans un bureau et à ce moment-la tout disparaissait. HULULEMENT D'EFFROI Je me réveillais face à un tombeau. Le paysage était complètement différent L'air avait un goût salé. Les défigurations engendrées par le progrès avaient disparu, plus de lignes haute-tension, plus de routes, la nature avait repris le dessus ou, plus exactement, la nature avait toujours été comme cela. Seule activité dans le voisinage, le bruit de soufflet d'une forge. Un château entouré de douves pleines de ronces m'attirait, mais impossible d'y pénétrer. Sans savoir comment, je me retrouvais sur les remparts du château, puis dans la prison, où j'aidais un prisonnier à s'évader ; il m'entraînait à sa suite dans un chalet dans lequel une demi-douzaine d'hommes me regardaient d'un air méfiant. Je me surpris à crier : "Vive le Roi !", ce qui parut détendre l'atmosphère. Nous étions en messidor an III. J'essayais de rassembler mes souvenirs scolaires. Bien sûr, je me trouvais en présence d'authentiques conspirateurs : des chouans. J'en fus complètement convaincu lorsque l'un des hommes annonça que le cri de reconnaissance était cinq fois le cri de la chouette. Une mission me fut confiée et, je ne sais pourquoi, il m'était impossible de la refuser. A MOI LA VENDEE Plus tard, une hache à la main, je cognais comme une brute sur un arbre. Sous la violence de mes coups, dans un craquement sinistre, il s'étalait de tout son long. Je me remettais aussitôt à l'ouvrage. Mais deux bûcherons apparaissaient alors, je ne savais que leur dire et hululais bêtement cinq fois. Ils ne parurent point surpris et m'entraînèrent vers une grotte. J'avais l'horrible impression de ne pas pouvoir résister et, de fait, j'exécutais toutes les actions que l'on m'avait ordonné. Les images dont je me souviens ensuite sont plus difficiles à comprendre ; je suis dans une barque et je rame vers un énorme bâtiment battant pavillon britannique. Je hisse une caisse dans la barque et repars vers la plage. Je ne me rappelle plus tien après, excepté le fait que je ne me suis pas réveillé tout de suite, et que j'ai encore effectué d'autres actions : j'ai crié tour à tour vive le Roi et vive la Révolution, tout cela comme si je n'avais eu qu'une touche à enfoncer. Il en allait de même pour prendre des objets ou pour examiner des lieux. C'EST GRAVE DOCTEUR ? Qu'est-ce qu'il m'arrive, docteur ? Je n'ai jamais eu de penchant pour cette époque de l'histoire. "Allons, ne vous affolez pas, répond le docteur. Vous êtes certainement impressionné par tout le bruit fait autour du centenaire de la Révolution, et les craintes de votre classe resurgissent dans vos rêves. De plus, vous avez dû passer récemment des vacances en Vendée. C'est un cas typique de ..." (ceci est personnel et je ne peux pas le retranscrire ici). Bon. je n'étais toujours pas rassuré. Mais ces images si réelles, on aurait cru des digitaiisations aux couleurs éclatantes, ça ne pouvait pas être un rêve ! J'ai vraiment cru vivre ces moments horribles où la clandestinité me pesait, où il fallait à tout prix que je choisisse un camp et surtout où je ne me sentais pas libre de mon destin. Toutes mes actions étaient surveillées ; je ne pouvais aller librement dans aucune direction : il me fallait auparavant accomplir une "bonne action" pour avoir l'autorisation de me déplacer. Absurde effectivement, docteur, vous devez avoir raison, cela ne peut pas exister dans la vie, on ne peut pas empêcher quelqu'un d'aller dans une direction comme si des murs invisibles poussaient juste devant lui ! Je crois que je ferais bien de rentrer chez moi. A L'AISE DANS MES CHARENTAISES Confortablement installé dans mon salon, l'esprit vide, je n'arrivais pas sortir du rêve qui m'avait obsédé toute la nuit précédente, e décidais de me diriger vers la salle de bains. Au passage, j'attrapais mon téléphone. Je ne sais si il vous arrive la même chose, mais c'est toujours quand je suis sous la douche que le téléphone sonne. J'enlève mes vêtements, monte dans la baignoire, et au moment même où j'ouvre le robinet, ça ne rate pas, la sonnerie du téléphone retentit Je ferme le robinet, sors de la baignoire et décroche rapidement le téléphone. A l'autre bout du fil, une voix inconnue m'annonce qu'une messe anniversaire pour ta mort de louis XVI vient de se terminer à l'église Saint-Paterne et que le curé doit encore être à la sacristie. Etrange message, qui semble faire suite au rêve de la nuit Pourquoi tant de mystère ? Après avoir traversé la rue, j'entre dans l'église et me dirige droit vers la sacristie. C'est avec horreur que je vois apparaître le curé de mon rêve avec son histoire de missel. Non, ce n'est pas possible, mon psychiatre n'a pas pu se tromper à ce point ! UN RELENT DE 89 C'est peut-être avec un peu d'avance qu'Ubi prépare l'anniversaire de la Révolution. Par contre, il tombe juste pour l'élection présidentielle. Y aurait-il confusion ? Ubi semble définitivement choisir la qualité pour ses softs. Après Exit , la Chose de Grotemburg, voilà un nouveau jeu d'aventures qui va en passionner plus d'un. Malheureusement ce n'est ni le scénario, ni l'humour qui le rendent intéressant. Cette fois-ci, c'est sur le graphisme qu'Ubi a fait porter son effort. Parmi quelques graphismes classiques sont insérées des images digitalisées, parfois d'une très grande beauté, et qui vous poussent à mener l'histoire jusqu'au bout. Peut-être aurais-je dû dire l'Histoire. Car il s'agit en fait de naviguer entre les deux courants antagonistes, pris à chaque fois entre deux terreurs, celle des révolutionnaires, et la blanche, celle des chouans. Saurez-vous naviguer dans ces eaux troubles ? LIPFY XIX CONSPIRATION de UBI SOFT K7 : 150 F Disk : 195 F A100% n°4 , MAI 88 |