PEOPLES ★ MAIS OÙ SONT LES DISQUETTES D'AMSTRAD (HEBDOGICIEL) ★

Mais où sont les disquettes d'Amstrad (Hebdogiciel)
Plus de deux mois sans disquette, Amstrad, Alan Sugar commence sérieusement à nous les briser ! Nous l'avons traqué jusqu'en Espagne pour avoir des explications et c'est vraiment pas la joie !

Je devrais pourtant commencer à avoir l'habitude des rigolos en tout genre qui se prennent pour les rois de la micro et qui nous mettent périodiquement dans des situations pas possibles. Les Texas, Oric, Atari, Sinclair et autres Commodore nous en ont déjà fait voir de toutes les couleurs mais, il n'y a rien à faire, c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à encaisser ces coups bas sans ouvrir ma grande gueule.

Ce coup-ci. c'est Amstrad qui se fout de nous, plus de disquettes depuis des mois, aucune bécane disponible nulle part. Des utilisateurs frustrés, des revendeurs sans machines à vendre, des acheteurs qui au lieu de se rabattre sur d'autres machines, n'achètent rien du tout, bloquant la quasi-totalité du marché et pour couronner le tout, des développeurs de logiciels et des dupliqueurs qui ne peuvent pas travailler sans disquettes et qui sont tout simplement au bord du suicide ou au moins du dépôt de bilan !

<< Alan Sugar (à gauche) tait la tète à Madrid au lieu de vous chercher des disquettes.

Mais qu'est-ce qu'ils foutent ces abrutis ? Auraient-ils décidé de suivre la mode et de saboter encore une fois un marché déjà bien malade ? Veulent-ils partir avec la caisse ? Est-ce de l'incompétence, du sabotage ou de la simple connerie ? Alan Sugar se prend-il pour le Roi ? Pour Napoléon ? Pire : pour Margaret Tatcher ?

Une seule chose est sûre, Amstrad France promène tout le monde, nous compris, en promettant l'arrivée des disquettes incessamment sous peu, demain, au plus tard après demain , ça y est, elles sont là. je vois par la fenêtre le bateau qui décharge dans la cour.

HHHHEBDO RIGOLO

En plus, nous sommes dans le bain comme les autres. D'abord, parce que Sugar a choisi l'HHHHebdo pour annoncer la baisse des disquettes 3 pouces il y a quelques mois et qu'il s'est livré devant nous à un impressionnant numéro de megalomanie avancée, affirmant qu'il était le roi de la disquette et qu'Apple et IBM réunis ne lui arrivaient pas à la cheville. Facile de baisser le prix de disquettes qui n'existent pas. Tiens, je vous fais la disquette 4 pouces à 1 francs 80, ça marche ?

Et puis nous sommes encore plus dans le bain avec notre promotion de Noël pendant laquelle nous avons vendu la disquette 3 pouces à 29 francs. Les 10.000 pièces que nous avons trouvées à l'époque sont parties en une semaine et aujourd'hui, plus moyen d'en trouver ne serait-ce qu une boite entamée. Nous en avons cherchées partout, du Japon au USA en passant par l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Espagne. Les possesseurs d'Amstrad qui espéraient en récupérer par l'intermédiaire de l'HHHHebdo et qui sont arrivés après la bataille font la gueule parce qu'on les laissent soit-disant tomber alors que nous ramons comme des betes pour en trouver. La galère ! Faudra attendre qu'Amstrad en livre, s'il en livre ! Mister Alan Sugar vous nous faites chier !

HHHHEBDO TÊTU

Bon , c'est pas tout ça, on va pas s'endormir. A tout problème, il y a une solution, puisqu'Amstrad France roupille, il n'y a qu'à prendre le taureau par les cornes et lui demander des comptes. En l'occurrence, le taureau c'est Alan Sugar, le patron du groupe, et justement il participe a une fête organisée par Indescomp, les importateurs d'Amstrad en Espagne.

Le taureau est en Espagne, à Madrid, je vais lui parler de corrida ! Faudra bien qu'il m'explique où en sont les disquettes et les CPC ! Un coup de fil à Angel Dominguez, un des patrons d'Indescomp et, vendredi dernier, me voilà dans l'avion de Madrid en route pour tirer les vers du nez au Mickey et pour faire la fête avec mes potes espagnols. Olé !

AU VOLEUR

Arrivé depuis moins d'une heure chez Indescomp, j'ai tout de suite trouvé les machines qui nous manquent : c'est les Espagnols qui les ont piquées ! Figurez-vous que Sugar leur avait réservé 12.000 machines pour Noël et qu'ils en ont eu 57.000 pour novembre et décembre ! 45.000 machines de plus, ce qui, à peu de chose près, correspond à ce qui a manqué et qui manque encore à Amstrad France pour satisfaire nos besoins. Mais voyez-vous c'est normal, me semble t-il, c'est dans la logique des choses. Premièrement parce que les Espagnols font bien leur boulot et marchent sur le 220 volts - la suite des événements va vous le démontrer- alors qu'en France on s'endort sur ses lauriers et on fonctionne sur un petit 110 volts très alternatif. Et deuxièmement, voyez-vous, Mister Alan Sugar n'est pas seulement un Mickey, mais aussi, comment dirais-je, un enfoiré. c'est celà même : un gros enfoiré qui n'a rien à foutre des gens qui lui ont fait confiance et qui n'hésite pas à laisser les Français dans la merde pour faire démarrer le marché espagnol.

Les 200.000 acheteurs français n'ont qu'à attendre, il faut d'abord qu'il devienne le premier en Espagne !

Assis bien gentiment dans le bureau d'Angel Dominguez. j'attends que le maître d'Amstrad ait fini ses palabres avec Don José Luis Dominguez, le président d'Indescomp et Manon Vannier, la cheftaine d'Amstrad France qui, elle aussi, est venue faire la fête au lieu de vous chercher des disquettes Soudain. le secrétaire particulier de l'Empereur d'Amstrad déboule dans le bureau et demande un numéro à Londres sur la ligne directe, la salle de réunion n'ayant qu'une ligne intérieure. Londres en ligne. Alan Sugar, l'Attila d'Amstrad lui-même, rentre dans la pièce et s'empare du téléphone. Tous se retirent sauf votre serviteur qui préféré passer pour un rustre que de rater des informations Sugar feint de m'ignorer et commence une discussion houleuse et sans intérêt sur des problèmes internes de stock (ça continue !). Pendant qu'il discute, il tripote machinalement une pile de paperasses qui traîne sur le bureau Soudain, il marque un temps d'arrêt, il avale péniblement sa salive et devient muet : il vient d'apercevoir l'HHHHebdo 117 que j'ai apporté de Paris et qui non seulement titre "Amstrad : des Mickeys !" mais qui, en plus, affiche sa photo avec les grandes oreilles et le pantalon trop grand de Mickey Mouse. Figurez-vous qu'on lui avait caché la chose à ce brave homme et qu'il croyait bêtement que l'HHHHebdo continuait à dire du bien d'Amstrad ! Du coup, la conversation avec Londres tourne court, surtout que je suis à moitié mort de rire et qu'il n'a pas l'air d'avoir un grand sens de l'humour !

"C'est ton journal ?". me demande-t-il familièrement ? Et devant ma réponse positive, il ne peut qu'ajouter : "Tes informations sont pourries !". Ce qui est un comble quand on sait qu'il n'a pas lu l'article puisqu'on le lui a soigneusement caché et que nous n'y faisions que dénoncer les ruptures de stock et les agissements d'Amstrad France ! Je n'aurai pas droit à d'autres paroles du maître pendant le reste du week-end. Rancunier, le Mickey !

RANCUNIER, LE MICKEY

Très rancunier même, puisque je vais être écarté pour le reste de la soirée.

Pendant l'entrée triomphale de Sugar à la réception où la presse locale photographie à tout va. on me relègue dans un salon juste le temps voulu pour que je ne fasse pas de photos. De la table principale où je devais être assis avec Sugar, Marion Vannier et les Dominguez, je me retrouve deux tables plus loin, le dos tourné et la quasi impossibilité de prendre des photos. Je n'aurais évidemment pas droit à une interview et c'est tout juste si je peux assister à la fête. Vous en faites pas, j'ai tout vu, tout entendu et j'ai quand même fait des photos. Finissons-en avec Sugar avant de passer à la réception d'Indescomp et aux problèmes des revendeurs. Nous avons retrouvé les machines qui nous manquaient chez les Espagnols. Et les disquettes ? C'est eux qui les ont eues ? Eh bien. non. Ils en ont bouffé quelques-unes .bien sûr. quelques dizaines de milliers, mais ils sont comme nous, c'est la pénurie, le marasme, la merde, les trous béants de drives désespérement vides ! Et la thèse selon laquelle les Japonais ne veulent pas s'emmerder à fabriquer des 3 pouces quand les 3,5 pouces marchent si bien reste bien la seule à retenir. Et qu'est ce qu'il va faire l'enfoiré aux grandes oreilles ? Il n'a pas voulu me le dire ! Probablement parce qu'il ne le sait pas lui-même et que la seule solution qui lui reste est de prier le Dieu des standards pour qu'il lui fasse un petit miracle, vite fait.

La position officielle d'Amstrad France ? Marion Vannier est en vacances pour huit jours à faire dorer sa petite disquette personnelle au Kénya, elle va peut-être ramener des disquettes en Baobab ? Le service qui s'occupe du problème les promet pour début mars, si tout va bien. Et si ça arrive, les revendeurs auront droit à une réception au Crazy Horse Saloon pour fêter ça. Mais pas tout les revendeurs, hein ! Faut pas déconner, on est pas en Espagne !

OLE, LA FIESTA !

Ha, revendeurs, mes pauvres chéris, que n'êtes vous espagnols ! Vous connaîtriez les joies d'un importateur aimable et compétent, les délices de commerciaux s'occupant de votre santé et de vos marges bénéficiaires, les plaisirs de fêtes fastueuses et des tas d'autres gâteries inimaginables dans notre France pas si douce que ça pour les pauvres vaches à lait que vous êtes.

EL MARCHE ESPAGNOL

Quelques chiffres comme hors d'œuvres : le parc de 120.000 Amstrad est géré directement par Indescomp et tout le monde peut traiter avec eux, que se soit pour mille machines ou une seule Résultat : plus de 2.500 points de vente, de la chaîne de super-marché au revendeur minuscule qui arrondit ses fins de mois en vendant un ou deux Amstrad au milieu de ses appareils photos ou de ses crayons.

Les marges ? 20 % minimum et ça peut monter à plus de 36 selon les quantités. Pas de grossiste pour affamer les petits, tout le monde peut vivre correctement selon ses mérites. La pub ?

La télé, rien de moins ! Des super spots de 30 secondes ! Vous voulez faire de la pub dans les canards locaux ou spécialisés ? No problem. l'importateur paye les deux tiers de la chose et fournit les typons : le nom de votre boutique en lettres de feu pour un tiers du prix (Pas mal. non ?

LA FÊTE

Et la fête, celle dont je vous parle depuis le début ? Vous croyez que c'est la réception française typique où l'on n'invite que les mômes 20 ou 30 gros clients à un vague cocktail ? Malheureux que vous êtes, c'est LA fête, la vraie. Pour celle de la semaine dernière, tous les revendeurs étaient conviés et 1200 personnes sont réellement venues des quatres cotns de l'Espagne Leur chambre d'hôtel était retenue dans le plus grand palace de la ville et payée par Indescomp Le spectacle a commencé à neuf heures par un discours de Don José Luis Dominguez. le président du groupe, qui a remercié tout le monde pour avoir participé au succès d'Amstrad Discours long et chiant ? Que nenni, court et sympathique, même pas un quart d'heure ! Une présentation du 8256 qui démarre en Espagne Une avant-première ou dernier stop télé et c'est parti : Anda. olé, la fiesta ! De dix heures à trois heures du mat : les deux meilleurs comiques espagnols, des acrobates, des prestidigitateurs. des danseuses au seins nus. des grandes bouffes (dégueu), des bons glou-glou, du champagne et personne pour gonfler le mou avec du marketing, du merchandising et autres spécialités anglo-saxonnes qui emmerdent le bon peuple On ne veut rien d'autre qu'un bon produit prévendu et pas de grandes théories foireuses !

Allez, un dernier truc pour vous faire baver et je vous laisse retourner à la grisaille de vos importateurs à la petite semaine : chaque invité avait reçu à l'entrée un billet de loterie, au milieu de la soirée une super-nana a plongé sa mimine dans une urne et un des distributeurs a gagné la camionette de livraison dont vous voyez la photo en première page, le deuxième a emporté un chèque de 850.000 pesetas (42.000 francs). Sans concours, sans obligation de chiffre d'affaires : juste un tirage au sort, pour le plaisir !

UN DÉTAIL

Verrez-vous un jour des trucs pareils chez Amstrad France ? Hélas, il y a fort peu de chance car. voyez-vous. un détail de taille semble s'y opposer : Amstrad France est filiale de l'Angleterre, c'est-à-dire que les Français sont des employés de la maison mère et donc, comment dirais-je, c'est les sous du monsieur, là, Sugar, je crois et jeter le fric par les fenêtres c'est pas son truc à Sugar Amstrad-expo organisé par un journal, d'accord, ça nous coûte pas un rond, mais un truc pareil, ça ne peut se faire que par l'intermédiaire d'un importateur indépendant Et. voyez-vous, c'est justement le cas, les Espagnols sont libres Surtout depuis que Franco n'est plus là !

BASTA

Bon, j'arrête Que le premier qui trouve des disquettes m'appelle, j'en rachète un wagon et je pète les prix. El que Sugar se rassure, lui qui n'aime ni les fêtes ni les réceptions, il ne sera pas reçu par la reine pour être nommé Lord, les Sinclair y ont droit, pas les Mickeys.

Don Qérardo Céccaldi , Hebdogiciel n°122

★ ANNÉE: 1986

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Lien(s):
» Peoples » Amstrad - le Mystere des Disquettes 3 Pouces (Science et Vie Micro)
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L'Amstrad CPC est une machine 8 bits à base d'un Z80 à 4MHz. Le premier de la gamme fut le CPC 464 en 1984, équipé d'un lecteur de cassettes intégré il se plaçait en concurrent  du Commodore C64 beaucoup plus compliqué à utiliser et plus cher. Ce fut un réel succès et sorti cette même années le CPC 664 équipé d'un lecteur de disquettes trois pouces intégré. Sa vie fut de courte durée puisqu'en 1985 il fut remplacé par le CPC 6128 qui était plus compact, plus soigné et surtout qui avait 128Ko de RAM au lieu de 64Ko.