| ★ HARDWARE ★ DIVERS ★ SINCLAIR SPECTRUM +2: Un vrai Sinclair sous des faux airs d'Amstrad ★ |
| Sinclair - Zx Spectrum 2 (Science et Vie Micro) | Hardware Divers |
Petit retour en arrière. En avril dernier, Amstrad rachète Sinclair, son principal concurrent sur le marché britannique. Pleurs et lamentations chez les « spectru-mistes » convaincus : l'objet de leur adoration est tombé aux mains de l'ennemi. Celui-ci, Alan Sugar en l'occurrence, annonce pourtant dans la foulée une révision générale du Spectrum 128, dernier modèle concocté par Sir Clive Sinclair. Cinq mois plus tard, voici donc le résultat du lifting. Constatation immédiate : les « spectrumistes » peuvent ranger leurs mouchoirs : le ZX +2 n'est ; qu'un Sinclair déguisé en Amstrad ! LE SPECTRUM 128, DERNIÈRE CARTE que devait jouer Sir Clive Sinclair, aura connu une carrière météorique. Commercialisé en février dernier en Grande-Bretagne, il s'est heurté deux mois plus tard au rachat de Sinclair par Amstrad. Il sera donc resté pratiquement inconnu en France (voir SVM n °28). Avec 128 Ko de mémoire vive, un nouveau Basic, de bien meilleures possibilités musicales et de nouveaux connecteurs, compatible (ou à peu près) avec les précédents modèles, il représentait un net progrès sur le Spectrum +, simple ravalement de façade du Spectrum 48 Ko. Passé à la moulinette Amstrad, il fallait bien sûr aller plus loin, et corriger bien des points encore folkloriques : un clavier impossible et surchargé, une alimentation externe, l'absence de bouton de mise en route, des connecteurs fantaisistes, l'impossibilité de brancher directement des manettes dejeux, etc. Il faut croire que le syndrome Sinclair est plus puissant que prévu puisque le nouveau Spectrum est loin d'aller au bout de ces soucis. On veut bien croire qu'Amstrad, en pleine préparation d'une gamme de compatibles IBM PC, ait eu d'autres chats à fouetter, mais le ZX +2 cache en définitive mal un jeu pour le moins décevant. Au premier coup d'œil, l'ensemble est plutôt séduisant, habillé d'un boîtier gris souris assez élégant. Le lecteur de cassettes, mémoire de masse restée privilégiée pour les micro-ordinateurs Sinclair, est intégré à droite du clavier qui, s'il reprend la disposition du Spectrum 128, paraît beaucoup plus orthodoxe. Première déception : il s'agit d'un clavier QWERTY et la frappe y est peu franche, en tout cas beaucoup moins que sur le clavier de l'Amstrad CPC 464. Un point positif toutefois : les mots-clés du Basic, gravés sur les touches des précédents modèles, ont disparu (à l'exception de LOAD, CODE et RUN), ce qui rend le clavier beaucoup plus lisible. Le Basic 48 Ko reste bien sûr présent et nécessite les mots-clés pour la saisie d'un programme, mais apparemment, personne n'est censé programmer avec cette version. Le Basic 128 est là pour ça. Les incorrigibles du 48 Ko devront simplement mémoriser les touches... Deuxième déception : l'alimentation reste externe, et il n'y a toujours pas de bouton de mise en route ! Celle-ci se fait encore en plongeant le câble d'alimentation dans son connecteur. Certains vétérans de la micro familiale apprécieront peut-être... Troisième déception : les interfaces. Le ZX +2 est certes doté de deux connecteurs pour manettes de jeu, au format Atari standard (on croit rêver), mais les brochages ne sont pas standard (on ne rêve plus). Résultat : un seul modèle de manette de jeu est accepté, la manette Sinclair of course. C'est mesquin. Sur l'arrière de la machine, se trouvent tous les autres connecteurs. Une sortie CINCH pour le son (équivalent de la sortie EAR sur le Spectrum 128) ; une sortie RVB Péritel, qui ô miracle laisse également passer le son (ce n'était pas le cas sur le Spectrum 128 !) ; et les deux mêmes connecteurs fantaisistes de l'original : l'un pour le clavier numérique (que donc Amstrad se décidera peut-être à commercialiser), l'autre pour une éventuelle interface RS 232, ou pour une liaison MIDI (en sortie seulement) avec un synthétiseur musical. Reste le port d'extension, un chef-d'œuvre du genre. A priori en effet, rien ne le composants passifs ou de « straps » indélicats), mais l'architecture reste la même. L'intégration n'a pas été davantage poussée. On retrouve grosso-modo les mêmes composants, même si la mémoire morte et le composant spécialisé ULA, chargé des entrées-sorties et de la gestion d'écran, portent maintenant la marque Amstrad. A l'usage, le ZX +2 se comporte d'ailleurs exactement de la même manière que le Spectrum 128, à un détail près. Sur le menu d'accueil, désormais francisé, l'option « Tape Tester » a été logiquement supprimée. Il s'agissait d'un petit utilitaire permettant d'ajuster le niveau sonore du lecteur de cassettes pour une meilleure fiabilité de lecture ou d'enregistrement. Avec le lecteur intégré, réglé une fois pour toutes, il est bien sûr inutile. Le menu d'accueil donne donc le choix entre le chargement d'un programme, le Basic 128, le Basic 48 et la calculatrice. Au sein du Basic 128, un autre menu est accessible, en pressant la touche EDIT. Cinq options y sont disponibles : RENUMBER pour renuméroter un programme, SCREEN pour n'utiliser que deux lignes en bas d'écran pour la saisie des programmes, PRINT pour lister un programme sur imprimante ZX, BASIC 128 pour retourner en mode 128, et EXIT pour revenir au menu d'accueil. Un vrai Sinclair sous des faux airs d'Amstrad Le Basic 128 quant à lui conserve toutes les nouveautés découvertes sur le Spectrum 128. La totalité de la mémoire n'étant pas directement accessible, on peut utiliser à partir du Basic les 64 Ko supplémentaires en disque virtuel (ou plutôt en cassette virtuelle !). Autre grande amélioration : le son, désormais géré par un processeur spécialisé, le même que celui de l'Amstrad CPC 464, qui donne au ZX +2 trois voix sur quatre octaves. Le Basic s'est donc enrichi d'une instruction PLAY très puissante, grâce à laquelle le son peut être intégralement paramétré (voix, valeur de la note, durée, sortie par l'interface MIDI, etc.) Le Basic 128, de plus, offre un confort de programmation bien plus grand que le Basic 48. Il bénéficie d'un éditeur pleine page et de la saisie lettre à lettre des instructions Basic. Le pavé numérique devrait rajouter de nouvelles facilités d'édition, proches de celles d'un traitement de texte (déplacement par page, suppression de mot ou de ligne, etc.). Au chapitre de la compatibilité, la sortie du Spectrum 128 en Angleterre avait été accompagnée d'assez nombreuses doléances. Plusieurs jeux, et non des moindres (Elite, Sky-fox) se sont révélés réfractaires. Sur ce problème, Amstrad n'a vraisemblablement pas recherché de solution interne, forcément illusoire. On trouve toujours dans pareil cas des produits incompatibles. Un système de différencie de celui du Spectrum 128. Le problème n'apparaît que si l'on essaie de brancher une interface ZX1 (notamment pour utiliser les microdrives) : un tout petit millimètre d'écart en trop entre la carte du ZX +2 et le boîtier rend impossible le branchement ! Pour y parvenir, une seule solution, démonter complètement l'interface ZX1, et la connecter ? à nu ?. En cas d'avarie, bonjour la garantie ! Cela dit, l'interface ZX1 est du point de vue électronique, parfaitement compatible, et les microdrives fonctionnent très bien. Espérons que le millimètre coupable n'est qu'un accident sur un exemplaire mal monté... A l'intérieur de la machine, peu de surprises. Le ménage a été fait (beaucoup moins de contrôle a en revanche été mis sur pied. Amstrad délivre un label non de qualité mais de compatibilité pour les logiciels sans problème : on doit trouver désormais sur ceux-ci une marque « Sinclair Quality Control » Au total, le ZX +2 laisse une impression curieuse. Celle de ne pas bien comprendre où a voulu en venir Alan Sugar. Le prix de 1990 F ne paraît pas, ou plutôt plus, particulièrement bas pour une machine tout de même très limitée. Un micro-ordinateur MSX1, sans être ridicule, coûte moins de 1000 F. Hasardons une hypothèse : le ZX +2 est suffisamment correct pour séduire les afficionados de Sinclair désespérément fidèles à la marque, mais pas suffisamment enthousiasmant pour séduire tous ceux qui se tourneraient plutôt vers un certain Amstrad CPC 464. A cette supposition gratuite, l'avenir répondra.
MATÉRIEL TESTÉ: Yann QARRET, SCIENCE&VIE MICRO N° 32 - OCTOBRE 1986
|
