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Amstrad la Saga (Tilt)Peoples Cpc Staff
De la HI-FI à la micro-informatique professionnelle, en passant par la micro familiale, la société britannique Amstrad a toujours respecté quelques principes de base : des produits faciles à utiliser, compacts et bon marché. Cette firme a su occuper une place de choix en France. Depuis Londres, son président et fondateur, Alan Michael Sugar, avait choisi celle qui allait diriger la filiale française, Marion Vannier.

Soixante-quinze personnes, un chiffre d'affaires de 703 millions de francs en 1986, plus de 209 000 micros familiaux vendus en France pendant celte même année, Amstrad France se porte bien A sa tête, une femme de 37 ans, Marion Vannier. Elle a lié son destin à celui d'Amsirad. Elle veut les mener lous deux vers la réussite.

A 20 ans, alors qu'elle n'a aucune formation, elle vient à Paris et se débrouille comme elle peut, à coups de petits «jobs» hôtesse bilingue dans une banque (890 F par mois!) pendant trois mois, télexiste pendant trois semaines, etc. Ce ne sont pas les études – qu'elle n'a pas entreprises – qui l'aideront. Elle n'hésite pas à affronter les difficultés et à se former « sur le tas ». En 1972, au mois de juin, elle entre à Euroconfort, un magasin de détail qui vend, entre autres, des chaînes HI-FI de marque Amstrad (et plus tard des micros Sinclair). Ce sera son premier contact avec la marque. Amstrad existe depuis 1968, principalement en Angleterre et ne fait alors que dans la HI-FI. La société a été fondée par son dirigeant actuel, Alan Michael Sugar, à qui elle doit d'ailleurs son nom (AMSTRAD = Alan Michael Sugar TRADing corporation). La politique de la maison est de vendre un produit « compact », de qualité, au meilleur prix. Ce qui était vrai pour la HI-FI le sera encore pour la micro-informatique.

- Euroconfort, Marion Vannier fait ses preuves. à tel point qu'en 1974, ses employeurs lui confient la société d'importation Cogel qu'ils viennent de créer. Plus tard, Cogel sera vendu à l'Irlandais Waltham, concurrent d'Amstrad. Au même moment, Alan Michael Sugar décide de créer une filiale française d'Amstrad. Et il pressent pour la diriger celle qui était le plus à même de connaître le marché et qu'il avait déjá » rencontrer lors de négociations avec Cogel : Marion Vannier.


De gauche à droite suris dessin : Yves Breschard, responsable du département bureautique ;
Marcettin Daniel, responsable du département tmport et Transport; Français Quentin, chel de produit ;
Bertrand Radiguel, chef des ventes HI-FI vidéo ; Manon Vannier. P.D.G.d'Amstrad France;
Maryse Choiltoux, attachée de direction; Jean Cordier, directeur des rentes grande distribution.

Nous sommes en 1982. Amstrad ne fait encore que dans la HI-FI. Marion Vannier, alors agée de 32 ans, dit OUI , a peine deux semaines après avoir accepté l'offre d'Alan M. Sugar, elle apprend qu'elle est enceinte. Elle ne désarme pas. Elle démarre quand même et travaille malgré – ou avec – sa grossesse. Elle transforme sa chambre d'hôpital en bureau, pendant trois mois. Elle y dirige sa nouvelle société et y reçoit tous ses coups de téléphone. Elle accouche enfin d'une petite fille qui sera, selon ses propres termes, « née avec Amstrad ».

De 1982 à 1984, Amstrad France est une société qui vend 30000 chaînes HI-FI par an et qui emploie deux personnes Marion et Marcellin, son « plus fidèle collaborateur ». Il travaillait déjá avec elle chez Cogel en 1972.

A partir de 1984, Alan Michael Sugar décide de se lancer dans la micro-informatique, toujours avec les mêmes principes : compacité, qualité et prix bas. Le CPC 464 est le premier exemplaire d'une série qui réunit ces qualités. Il aura bénéficié aussi de l'image de marque de la société dans la HI-FI. Amstrad est d'ailleurs coté en bourse à Londres depuis 1980. Le CPC est fourni avec un clavier, un moniteur (donc pas de problème de prise, Pal, Péritel, etc.), un lecteur de cassettes, et un seul bouton suffit à l'allumer. Quant à son prix, 2 690 F avec moniteur monochrome et 3 990 F avec moniteur couleur, à cette époque, c'est considéré comme bas pour une telle configuration.

Aujourd'hui, ces deux versions valent respectivement 1990 F et 2990 F. Dix mille pièces doivent arriver en France dès septembre. Marion Vannier va passer les mois d'été à visiter ses clients – ceux qui veulent la recevoir! – avec un CPC 464 entre les mains. Elle en revient avec une commande de 72 pièces répartie entre 17 clients. Le plus gros s'appelle La Redoute. C'est le premier de cette importance à avoir fait confiance au micro-ordinateur d'Amstrad. Mais 72 pièces sur 10000, c'est largement insuffisant. Comment écouler ce stock à venir ?

Fin septembre, se tiendra le Sicob à Paris-la Défense. Juste avant, Amstrad lance une campagne de publicité dans la presse micro-informatique. Et au Sicob, celle trop petite société ne trouve une place pour le CPC 464 que sur le stand de Sybex, un important éditeur de livres micro-informatiques. Mais, outre cette petite place, dans le quartier de la Défense, Amstrad s'est installé dans les allées du centre commercial les Quatre Temps. Et là, c'est l'explosion. Les commandes affluent. Les effets de la campagne de publicité se font ressentir. Les 10000 pièces, et même plus, seront vendues.

Amstrad et ses dirigeants ne pouvaient s'arrêter en si bon chemin. Quelques mois plus tard, le CPC 664 sort des ateliers. Il ressemble beaucoup au précédent mais comprend un lecteur de disquettes là où le CPC 464 avait de quoi lire des cassettes (Le 664 aura une vie courte : à peine cinq mois. Ce qu'Alan Michael Sugar expliquera de la manière suivante : « il fut une suite naturelle du 464 et mourut d'un bond en avant de la technique micro »).

Début 1985, c'est le CPC 6128 qui vient élargir la gamme et « tuer » le CPC 664.

Puis en juin 1985, le PCW 8256 , un ordinateur-traitement de texte toujours compact puisqu'il est livré avec l'ordinateur, le moniteur, le clavier, un lecteur de disquettes, l'imprimante et le logiciel de traitement de texte (Locoscript) . Le tout se branche avec une seule prise et s'allume avec un seul bouton. En septembre de la même année, apparaît le PCW 8212, le même que le précèdent avec, en plus, un deuxième lecteur de disquettes et une capacité mémoire deux fois plus importante (512 Ko au lieu de 256).

Enfin, en septembre 1986, Amstrad lance un compatible PC, le PC 1512. Il arrive sous différentes versions : monochrome ou couleur, avec deux lecteurs de disquettes ou avec un lecteur de disquettes et un disque dur. La polémique qu'il a suscitée en France à propos de sa compatibilité ou de sa non-compatibilité avec le PC d'IBM n'a pas encore fini de faire couler de l'encre. Marion Vannier a toujours accueilli les nouveautés qui venaient d'Angleterre avec confiance. Elle n'hésite pas à les lancer sur le marché français et à tout faire pour qu'elles s'y installent. Les résultats chiffrés en sont une preuve : deux personnes au moment de la création d'Amstrad France ; aujourd'hui, 75 salariés. Le chiffre d'affaires de la société est. passé de 35 millions de francs en 1984 à 703 millions de francs en 1986, avec l'espoir d'atteindre le milliard en 1987. En 1986, 209 443 micro-ordinateurs familiaux de la gamme des CPC ont été vendus en France, soit environ la moitié du marché. La même année, 38000 PCW ont trouvé acquéreur et autant pour les PC entre leur arrivée en France et la fin du mois de février 1987. Amstrad France, et Marion Vannier, ont pour objectif d'en vendre 100000 sur l'année 1987.

Les perspectives d'Amstrad dépendent pour beaucoup de la société mère. On lance des produits qui viennent d'Angleterre et on doit tout faire pour que ça marche. Jusque-là, le pari a été gagné. La prochaine nouveauté qui vient d'outre-Manche et que Marion Vannier va devoir lancer sur le marché français est un magnétoscope. Il devrait être disponible dès ce début d'été à un prix inférieur à 4000 F.

Quant à l'avenir, Alan Michael Sugar a déjá des idées. Sa société participe à un consortium – mis en place par Granada – d'exploitation d'un satellite de télédiffusion directe Ce satellite devrait permettre d'exploiter, dès 1990, quatre stations de télévision qui toucheront les îles britanniques. Le rôle d'Amstrad dans ce consortium est simple. On attend de lui qu'il fabrique des antennes comme ses micro-ordinateurs ou ses magnétoscopes, c'est-á-dire au meilleur rapport qualité-prix. On murmure qu'il parviendrait à les vendre moins de 2 000 F alors qu'aujourd'hui de telles antennes valent environ 10 000 F. Si c'est vrai, le grand public pourra capter les nouvelles chaînes.

La micro n'est pas finie pour autant. Avec le PC, Amstrad a choisi le marché professionnel. En France, Marion Vannier veut maintenant diffuser ce compatible dans les « grands comptes », ces entreprises ou administrations importantes qui doivent s'équiper en nombre de micro-ordinateurs, si possible compatibles PC (pour profiter de la bibliothèque de logiciels déjá disponible). Dans ce domaine, elle ne craint pas les concurrents – Atari, Commodore. Thomson – qui, comme Amstrad, ont fait du familial et lancent aujourd'hui un compatible bon marché.

En 1986, les CPC se sont bien vendus et la tendance est aux CPC 6128. Sur les premiers mois de 1987, les ventes de ce dernier ont même dépassé pour la première fois celles du CPC 464. Leur succès s'explique par leur facilité de mise en place et leur prix. Peut-être aussi par l'intégration de l'écran qui évite tout problème de norme. Il n'empêche que la part de marché qu'ils occupent en France est plus grande que n'importe où ailleurs en Europe.

Si d'ores et déjá Marion Vannier peut être fière d'avoir mené sa mission à bien, on peut penser qu'elle n'en restera pas là. Même en tant que femme, sa position de PDG lui agrée parfaitement. Comme elle le dit : « Les affaires, c'est tout de même plus facile pour une femme quand elle est la patronne ! » (1). Alan Michael Sugar a bien visé en lui confiant la filiale française de sa société. Elle a su saisir l'opportunité. Aujourd'hui, une telle ascension est-elle encore possible ? Dans la microinformatique familiale, sans connaissance préalable de ce domaine, ça semble tellement plus difficile qu'hier...

Anne-Sophie Dreyfus

(1) Femme Manager Spécimen d'Avenir, de Florence Lautrédou, Editions Carrère, 1987.

Alan Michael Sugar
Alan Michael Sugar.

Fonction : président et fondateur d'Amstrad en Angleterre. Age : 40 ans.
Etat civil : marié et père de trois enfants -Simon (16 ans), Daniel (14 ans) et Louise (11 ans). Formation : autodidacte, il a quitté l'école à 16 ans.

Vie active : Alan Michael Sugar se forme à travers différents « jobs » (quatre mois au Ministère de l'Education et des Sciences, département des statistiques; six mois chez Richard Thomas & Baldwin, département des statistiques ; neuf mois vendeur chez R. Henson Ltd) puis il démarre sa propre société.

Marion Vannier

Fonction: Président-Directeur Général d'Amstrad France. Age : 37 ans.
Etat civil : mariée, mère de trois enfants ; Alexandre (17 ans), Benjamin (10 ans) et Djinn (3 ans). Formation : autodidacte.

Vie active : différents jobs jusqu'en 1984 : elle devient le premier PDG d'Amstrad France, répondant ainsi à la demande d'Alan Michael Sugar.

Marion Vannier

Propos recueillis par Jean-Philippe Delalandre, Tilt 51, Avril 88

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L'Amstrad CPC est une machine 8 bits à base d'un Z80 à 4MHz. Le premier de la gamme fut le CPC 464 en 1984, équipé d'un lecteur de cassettes intégré il se plaçait en concurrent  du Commodore C64 beaucoup plus compliqué à utiliser et plus cher. Ce fut un réel succès et sorti cette même années le CPC 664 équipé d'un lecteur de disquettes trois pouces intégré. Sa vie fut de courte durée puisqu'en 1985 il fut remplacé par le CPC 6128 qui était plus compact, plus soigné et surtout qui avait 128Ko de RAM au lieu de 64Ko.