DANS LE CHAMP BOND DU VISEUR, s'encadre la tête d'un homme. Il sourit, paisible. Soudain, un claquement bref ! L'homme grimace. Un trou rouge au milieu du front , il s'effondre... Dans le lointain, crescendo, monte le sifflement aigu des sirènes de Police... — Des témoins ? — Oui, chef, Estrade Jeannot, il a vu un homme s'enfuir du 9. place de la République. — Je le verrai plus tard. Vous avez fouillé le corps ? — Non chef. — Bien, ne touchez à rien, je m'en occupe. D'abord, bien saisir la scène, graver les moindres détails dans votre mémoire : le corps étendu, la blessure horrible au crâne, la mallette, l'ombre du réverbère... Ensuite, sans hâte, minutieusement, fouiller la victime : une clef, un portefeuille, carte bleue, carte d'Identité : Sydney Jean, 5 place Jean Jaurès, marié, 2 enfants, A première vue, un homme tranquille, se rendant à son travail. Maintenant, ouvrir la mallette : un carnet, des adresses, un numéro de téléphone. Insister, fouiller encore... Une photo s'échappe. Je distingue un couple qui s'embrasse. C'est une photo en noir et blanc, prise à contre-jour, on ne distingue pas les traits de l'homme, ni ceux de la femme. — On a vu d'où venaient les coups de feu ? — Oui, chef de l'immeuble d'en face, au quatrième. Monter les escaliers. Inspecter les couloirs. Ecarter les curieux. Le policier de garde s'efface pour me laisser entrer. Pousser la porte. Examiner la chambre... Celle-ci est toute simple, une chaise, une fenêtre ouverte. Une plante qui jaunit consciencieusement sous un tableau passe-partout; mon regard est attiré par la douille vide, du 7.6S, qui brille au bas des rideaux. Je la saisis délicatement en l'enfermant dans mon mouchoir. — Donnez ça au labo, quand il viendra. N'oubliez pas de lui dire de vérifier les empreintes sur les vitres. Si on me demande, je suis au bureau.
VOILA, L'ENQUETE DEMARRE, elle me rappelle l'affaire "Vera Cruz" qu'on m'avait confiée à mon arrivée à la B.R. (Brigade de Recherche) de St Etienne. Vera Cruz était cette jeune prostituée notoire qui avait été assassinée par... inutile de le rappeler, son nom est encore sur toutes les lèvres. Ce fût un succès, ce fut même mon premier succès ! Bien entendu, j'avais et j'ai toujours à ma disposition, outre les moyens traditionnels (déposition, comparaison des éléments, examens divers, graphologie, autopsie et balistique), le formidable réseau informatique DIAMANT, permettant d'interroger à distance la B.D.R.J (Brigade départementale de recherche judiciaire), le C.R.R.J. (Centre de rapprochement et de recherche Judiciaire), les différents commissariats (C.I.A.T.) et les renseignements généraux (R.G.I Si un de ces services possède une information, celle-ci s'affichera sur mon écran, ainsi que la photo de la personne concernée. Au besoin, je pourrai tirer un listing de ce rapport. Ouvrons d'abord le rapport d'autopsie : "... pénétration frontale d'un projectile ressorti au niveau du bulbe. Mort par perforation de la boîte crânienne et destruction partielle du cerveau..." C'est net. Du travail de pro, ou alors d'un bon viseur. L'épouse, Mariane Sydney née Dupuis, affirme dans sa déposition, qu'elle ne lui connaissait aucun ennemi. Je me demande bien, moi, en quels termes, ils étaient ces deux-là... Voyons, ta déposition de Maître Decol. Tiens ? ! une procédure de divorce. Hum ? ! Et qu'en dites-vous chère Marianne ? Vous confirmez ! C'est vous qui demandiez une séparation, mais votre mari s'y opposait !... Tiens !... L'ENQUETE EST LANCEE. INTERET, VENGEANCE. JALOUSIE, AMOUR, mes quinerie, lâcheté, tendresse, les sentiments humains du plus vil au plus généreux vont s'y côtoyer. Le métier, c'est aussi cela : dénouer le fil enchevêtrer des passions humaines ! Comme l'affaire Vera Cruz, voici une autre enquête imaginée par Gilles BLANCON (qui fait partie de la "grande maison"). Vous y retrouverez les mêmes superbes portraits en noir et blanc (mode 2) des témoins et protagonistes de l'affaire, la même ambiance prenante qui vous laissera l'esprit vide vers quatre plombes du mat, hagard mais heureux d'avoir réussi à trouver que le meurtrier c'est... J'y mettrai les mêmes réserves : la rigidité, toute policière, de l'analyseur de syntaxe (il accepte autopsie, mais pas autopsi Sydney, attention aux fautes d'orthographe !) ainsi que les trop nombreux messages qui reçoivent la réponse :"Service non concerné Stop", Au total, c'est quand même un très bon investissement pour les MAIGRET en herbe. AMSTRADEBDO n°1 |